Manuel de Oliveira (1908-2015) est le réalisateur le plus représentatif du Portugal dont il a su restituer le climat culturel et social. "Aniki Bóbó"(1942), évocation des enfants de Porto, peut apparaître comme l'un des premiers films néo-réalistes. Mais il est permis de lui préférer le regard ironique que porte le réalisateur sur les tabous de la société portugaise dans "Bénilde"(1974), ou l'éducation manquée d'une jeune fille dans un domaine isolé. Son style est particulièrement déroutant : "Francisca"(1981) est une suite de scènes respectant les conventions théatrales, et où la parole semble l'emporter sur l'image, même si Oliveira lui donne des couleurs raffinées. Il a réalisé une adaptation marathon du "Soulier de satin"(1985) de Claudel, puis présenté dans "Les Cannibales"(1988) une satire de l'opéra, n'hésitant pas à se contredire. Signe de jeunesse pour cet octogénaire, né en 1908, qui tourne au rythme de deux films par an !