"De 1981 à 1984, Gilles Deleuze s'est consacré au cinéma. Pendant ces années de cours à l'université de Paris VIII, il a écrit et publié aux Éditions de Minuit "L'Image-mouvement" et "L'image-temps" (1983 et 1985). Ses cours, puis ses deux livres, ne sont pas une histoire du cinéma. Deleuze n'aborde pas le cinéma sous son aspect technique ni artistique au sens où le ferait un critique, mais il le prend comme pensée, au même titre que la philosophie ou la science.

Parmi les centaines d'heures de cours, Claire Parnet et Richard Pinhas ont choisi près de six heures. Elles leur ont paru, entre tous les agencements créés ces années-là, exprimer le travail de Gilles Deleuze. Hors l'émotion suscitée par la force des idées, écouter un philosophe penser la conception même du cinéma est radicalement nouveau" (pochette).

1. 1. "L'intuition de Bergson" (1981 - CD1 et CD2): Lors du cours liminaire du 10 janvier 1981, Deleuze expose son entreprise et exprime son admiration pour un autre grand philosophe du vingtième siècle: Henri Bergson, qu'il avait aidé à faire redécouvrir par un livre ("Le Bergsonisme"), vingt ans auparavant. Si d'autres philosophes tels que Kant, Pierce ou Whitehead seront étudiés pendant ces quatres années de cours, Bergson en est le fil conducteur. On apprend dans ce premier cours que Bergson a pressenti dans son deuxième grand livre "Matière et mémoire", l'unité de la pensée et du cinéma. Or, "Matière et mémoire" est publié dès 1896, alors que la première projection publique des frères Lumière date de fin 1895. Comment Bergson a-t'il pu avoir l'intuition d'une image-mouvement avant même de la connaître?
2. 2. "De la philosophie au cinéma" (1982, CD3 et CD4): ce cours explique l'image-mouvement et ses trois variétés selon Deleuze: l'image-perception, l'image-action et l'image-affection. Le philosophe analyse les films importants de cinéastes tels que Griffith, Pabst ou Lang.
3. 1. "Du cinéma à la philosophie" (1984, CD5 et CD6): ce cours articule l'image-mouvement et l'image-temps des années d'après-guerre. "La deuxième guerre mondiale a réduit tout le monde à l'impuissance absolue" et les néoréalistes italiens (Visconti, Rossellini puis Antonioni et Fellini) sont les premiers à filmer cette situation limite, cette crise de l'action. Ils inventent un "cinéma de voyants": leurs personnages ne sont plus dans un processus actif-réactif, mais plongés dans "des situations optiques et sonores pures".