La création musicale est une question d'énergie, de coeur et de confiance et lorsque les trois sont réunis, la musique devient une évidence. Composé de trois amis de longues dates, tous trois de Chicago, la flûtiste Nicole Mitchell, le batteur Hamid Drake et le contrebassiste Harrison Bankhead, Indigo Trio s'exprime avec cette forme d'énergie spirituelle qui inspire la "Great Black Music" depuis l'origine. En créant des passerelles entre l'improvisation et la composition, Harrison Bankhead, Hamid Drake et Nicole Mitchell ont enregistré un second album très inspiré. Avec leur générosité et leur ouverture d'esprit, la phrase du poète Rumi comme quoi "seul le coeur peut toucher le ciel" vient immédiatement à l'esprit à propos d'Indigo Trio. [Ellen Waterman, extraits des notes de pochette librement traduits] [http://web.roguart.com]

Si jusqu'alors quelques disques très réussis permettaient de prendre la mesure des ambitions orchestrales syncrétiques de la musique de Nicole Mitchell à la tête de son Black Earth Ensemble, en mettant particulièrement en valeur ses talents d'arrangeuse et de compositrice, l'autre versant de son inspiration, incarné par l'Indigo Trio, souffrait de n'être représenté sur disque que par un très pâle concert enregistré en 2005 à Montréal. Voilà cette lacune comblée grâce à la parution de cette magnifique production du label français Rogue Art (dont on ne louera jamais assez la qualité éditoriale et l'extrême soin apporté aux détails). Dès les premiers mesures de Sho Ya Right, Mitchell surprend par la puissance incantatoire de son style - mélange singulier d'agressivité rageuse dans l'attaque du son et de sensualité rêveuse dans le développement des improvisations. Propulsée par les polyrythmies millimétrées d'Hamid Drake, la flûtiste Mitchell déploie toutes les dimensions plastiques de son jeu en un phrasé sinueux, tout en fluctuations d'intensité, pics et dépressions. Extrêmement varié dans ses climats, son disque passe du post-jazz à d'extraordinaires séquences développant une sorte de néo-jungle abstraite et onirique aux confins de multiples traditions magistralement resongées. Avec beaucoup de connivence et d'interaction instantanée, les trois musiciens signent avec "Anaya" une oeuvre sensible, à la fois spontanée et réfléchie, énergique et contemplative. [Anaya dans JAZZMAN (mars 09)]