Deux CD déjà à la Médiathèque du "Gruppo di Improvvisazione Nueva Consonanza". Les enregistrements que la Médiathèque possède couvrent une dizaine d'années: 1967 - 1976. En faisait partie le trompettiste Ennio Morricone qui a fait, dans la composition de musiques de film, la fastueuse carrière que l'on sait.

Improvisation "radicale" en tant qu'elle se sépare tout à fait des repères, outils, savoirs... qui ont organisé presque toutes les musiques antérieures. Pour élaborer une musique qui, autant qu'on puisse, se passerait de toute prescription préalable. Il s'agit donc d'un "geste" absolument "moderne", impensable et jamais pratiqué avant le 20ème siècle.

On pensera à des expériences voisines, comme celle du MEV [Musica Elettronica Viva] également en Italie ou de AMM [Audacis Musicae Magistrae] en Angleterre. Et, sur une autre scène, à certaines musiques électroniques ou encore à quelques compositeurs des Etas-Unis: Earl Brown, John Cage, Morton Feldman, Christian Wolff...

Ceci étant dit, on reste néammoins ici dans une improvisation "dramatisante" (beaucoup d'"évènements", d'interactions, d'énergie très physique...) mais ce "dramatisme" est en même temps "ruiné", troué de silences, de sons déprimés, d'éclats sonores abrupts, d'accidents de toute sorte.

Il ne s'agit évidemment plus ici (pensons au Free Jazz) d'une colère, individuelle ou collective ou d'une prise de parole affirmative, véhémente et revendicatrice. Il s'agit plutôt de briser des formes anciennes et de faire du neuf avec les débris du vieux (les musiciens présents dans ces enregistrements semblent tous venir du répertoire "classique"). Et de prendre un plaisir ironique et iconoclaste dans la destruction d'un monde ancien et son remplacement par un "bricolage" passablement incongru.

Nous sommes sans doute aujourd'hui ailleurs, dans une affirmation plus déterminée et plus pertinente et peut-être également trop sérieuse et savante.

Une certaine société occidentale (réduite mais très symptomatique, et dont ces musiciens et leur musique étaient partie prenante) était, dans les années 70, inscrite par le désir, la volonté, la pensée et l'imaginaire, dans cette conjonction qui rassemblait paradoxalement utopie, militance, liberté individuelle, réflexion théorique, rupture avec les formes anciennes, ouverture du monde, immense sérieux et goût de la fête! Nous sommes, à cet égard, aujourd'hui, également ailleurs!