Hybridation intelligente entre recherches tonales (microtonalité), systèmes d'accords particuliers et jazz. Les rythmes syncopés chers au jazz sont ici doublés de dissonances tonales (d'un point de vue occidental, rappelons-le). Les recherches sont principalement axées autour des systèmes d'accords rencontrés dans la musique classique persane (Hafez Modirzadeh est irano-américain). Le jeu des instruments non-accordables (saxophone et trompette) s'adapte aux différentes harmonies dans un jeu subtile de va-et-vient autour de la mélodie, interrogeant par là la domination des accords (quel système domine ?). Approche très intéressante donnant lieu à de multiples interrogations, notamment sur la suprématie depuis la renaissance de la "musique selon l'occident". La musique ici ne fait pas fi du passé mais intègre un ensemble de données musicales actuelles pour une hybridation nouvelle. C'est ce qui fait la force de cette approche et son caractère si particulier. Avec la voix sur plusieurs plages de Mili Bermejo qui apporte une dimension appréciable entre approche cantatrice et chant façon Oum Kalthoum. (BB)

Depuis plus de deux décennies, le compositeur / saxophoniste / théoricien Hafez Modirzadeh a crée son concept pionnier "chromodal", une approche musicale interculturelle développée à partir de sa propre pratique du jazz en général et des douze systèmes modaux différents (Dastgâh) de la musique classique iranienne en particulier. Il a publié de nombreux ouvrages sur le sujet, tout en développant des techniques de jeu étendues (alternatives) pour adapter le saxophone au système non tempéré de l'échelle heptatonique de la musique perse académique classique (Musiqi Asil ou Dastgâh). (LF)

Il a joué au cours des 20 dernières années avec des musiciens tels que Don Cherry, Zakir Hussein, Steve Lacy, Oliver Lake, George Lewis, Peter Apfelbaum, William Lowe, James Newton, Wadada Leo Smith, Omar Sosa, Amir Elsaffar entre autres.