Saluant le soixante-dixième anniversaire de Peter Brötzmann, voici un documentaire de plus de 90 minutes (augmentées d'une heure d'interviews complémentaires -avec Evan Parker, Han Bennink, Fred Van Hove, Michael Wertmüller et, Jost Gebers- et d'extraits de concerts principalement captés dans le courant de 2009 : le Chicago Tentet, le trio d'anches Sonore avec Gustafsson et Vandermark, le quartet avec McPhee, Kessler et Zerang) servi par une image, un son et un montage impeccables que l'on doit à Bernard Josse. Le documentaire se bâtit autour d'entretiens menés par le journaliste et photographe Gérard Rouy que viennent ponctuer archives historiques, témoignages, séquences de concerts, scènes au jardin, à l'atelier, à l'hôtel ou dans la nature.

Autour du portrait de ce saxophoniste hors norme (Peter Brötzmann) se dresse en trame de fond bien plus que l'histoire d'un homme. Il s'agit bien de réévaluer l'impact de tout un mouvement, que l'on nomme "improvisation européenne" dont Peter Brötzmann sera une figure très influente, mouvement qui va ébranler durablement la sphère du free jazz et d'une manière plus large (avec le temps) les musiques en général. Le documentaire est fourni d'interviews en quantité, travail de longue haleine, interviews qui donnent beaucoup d'informations et éclairent la pensée de ce saxophoniste très influent. Le documentaire fait le point sur l'émergence de l'improvisation libre, émergence de cette scène depuis l'album MACHINE GUN en 1967, autour de ses protagonistes les plus influents à savoir Alexander Von Schlippenbach, Peter Kowald, Han Bennink, Evan Parker, Derek Bailey, Fred Van Hove et bien entendu Peter Brötzmann. Ce document constitue une excellente base didactique (simple et clair), avec un montage d'images actuelles et d'archives, permettant de comprendre tout un pan du free jazz. ESSENTIEL ! (BB)

Comment devient-on Peter Brötzmann? Comment devient-on ce que l'on est: peintre, musicien, artiste absolu? Après la guerre l'Europe n'était que ruine et la honte habitait le coeur des jeunes allemands. Il fallait inventer, crier, retrouver une fraternité perdue. Faire taire ce silence ! Voila comment de jeunes musiciens allemands, anglais, hollandais, belges... ont fait exister l'Europe bien avant Maastricht et continuent, imperturbables, à chérir leur liberté ! Ils n'ont plus vingt ans, mais d'autres ont suivi. Ils se donnent une contrainte : réinventer tout à chaque fois, concerts et musique en improvisation libre. Une façon de prendre en compte l'instant, laisser entrer l'imprévu, s'accorder avec le monde.