VERY URGENT
Chris MCGREGOR GROUP
- Ref. UM3201
- FLEDG'LING RECORDS, 2008. Enregistrement 1968.
Grâce notamment à son épouse Maxine, l'oeuvre du pianiste, compositeur et chef d'orchestre sud-africain Chris McGregor (1936-1990) vient de bénéficier d'une mise à jour exceptionnelle, aussi inespérée qu'attendue, avec la réédition par le label londonien Fledg'Ling Records de ses trois premiers albums européens réalisés en studio. Si le premier "Brotherhood of Breath" avait vu une première édition CD en Allemagne, en 1994, les deux autres demeuraient des pièces de collection avidement recherchées par les amateurs. Au début des années 60, Chris McGregor, issu de la communauté blanche, dirigeait un groupe de musiciens noirs, ce qui causait en Afrique du Sud quantité de problèmes et de tracasseries pour arriver à se produire. En 1964, les Blue Notes, nom du sextette, quittent donc le pays de l'apartheid pour se rendre en Europe. Ils se produisent d'abord au festival d'Antibes-Juan-les-Pins, puis résident quelques temps à Zürich avant de gagner Londres et d'être engagés au fameux Ronnie Scott club. Entre temps, le saxo-ténor Nick Moyake a préféré rentrer au pays (il mourra un an plus tard). "Very Urgent", enregistré à Londres sous la responsabilité du producteur américain Joe Boyd, paraît en mai 1968 chez Polydor sous le nom du Chris McGregor Group, alors qu'il s'agit bien des Blue Notes originaux : Mongezi Feza (tp), Dudu Pukwana (as), Johnny Dyani (b) et Louis Moholo (dm), Moyake ayant été remplacé par le ténor sud-africain (blanc) Ronnie Beer. Ce qui frappe immédiatement à l'écoute de la musique du groupe, c'est l'incroyable liberté, l'audace, voire le culot de ces très jeunes gens, mais aussi leur maîtrise, tant dans le jeu collectif (une constante chez eux, on les sent toujours soudés comme toute communauté de déracinés), y compris dans les débordements explosifs, que dans leurs improvisations, souvent sur la corde (Feza), expressives et arrachées (Pukwana), l'esquif voguant par grand vent à travers les flux grondants du piano du chef. À travers cette liberté transparaît une profonde connaissance du jazz, qui se traduit presque par une sorte d'oubli momentané de leurs propres racines, occupés qu'ils sont par leur besoin d'exorciser leur situation antérieure. Et déjà se manifeste cette dimension orchestrale qui va prendre toute son ampleur avec la création du Brotherhood of Breath en mars 1970. [http://culturejazz2.free.fr]
Après plus de 35 ans d'indisponibilité, les trois chefs-d'oeuvre, UM3190 Brotherhood / UM3201 Very urgent / UM3191 Chris McGregor Brotherhood of Breath, d'un grand big bands de l'histoire du Jazz viennent d'être réédités sur le label Fledg'Ling. Comment, au tournant des années 60/70, a-t-on pu jouer une musique, qui empruntait autant à SUN RA, DUKE ELLINGTON, CHARLIE MINGUS qu'à ses racines sud-africaines, si formidablement créative et innovante ? Ces albums témoignent de la première période de la confrérie, lorsque les musiciens (anciens BLUE NOTES accompagnés d'invités anglais hors-pairs) suivaient les arrangements de leur pianiste et leader Chris McGregor. Le deuxième album du BROTHERHOOD, produit en 1972 par CHRIS MCGREGOR, relève toujours de la première incarnation de l'ensemble, suite au départ d'EVAN PARKER. [www.orkhestra.fr]
Interprètes
- Chris MCGREGOR : Piano
- Dudu PUKWANA : Saxophone alto
- Mongezi FEZA : Pocket trumpet
- Ronnie BEER : Saxophone ténor
- Johnny DYANI : Contrebasse
- Louis MOHOLO : Drums
Pistes
- 1 Marie My Dear / Travelling Somewhere
- 2 Heart's Vibrations
- 3 The Sound's Begin Again / White Lies
- 4 Don't Stir The Beehive