En 1526, Henry VIII, roi d'Angleterre se voyait offrir par la ville de Florence ce cadeau sonore: une collection de chants sacrés écrits par les plus grands compositeurs européens de son temps. Cadeau royal qui vient enrichir les collections de la Médiathèque d'une série de motets de Philippe Verdelot, notamment. En plage ultime, le motet anonyme Nil majus superi vident.

Jean Lhéritier [Lheretier, Lhiretier, Lirithier] est un compositeur français né aux environs de 1480. A-t-il été un disciple de Josquin Des Prez ? On peut le supposer. Fin 1506, sa présence est signalée à Ferrare. Du 28 juillet 1521 au 8 août 1522, il occupe le poste de capellanus et maestro di cappella à l'église des Français à Rome, S Luigi dei Francesi. C'est ainsi qu'on trouve des motets de sa plume dans des compilations telles que le Medici Codex et le manuscrit Cappella Giulia. Après avoir quitté Rome, Lhéritier fait un passage par la chapelle des Gonzague à Mantoue qu'il abandonne en 1525 pour celle de l'évêque de Vérone. A partir de 1552, on perd sa trace. Une hypothèse veut qu'il ait séjourné à Venise. Les compositions attribuées à Lhéritier ont survécu dans au moins 66 manuscrits et 45 collections imprimées au 16è siècle. La majorité est originaire d'Italie mais la France, les Pays-Bas, l'Espagne, la Germanie, l'Autriche et même la Pologne et la Bohème sont aussi représentées.

Le compositeur français Philippe Verdelot s'est fait un nom grâce à ses madrigaux italiens. Sa carrière se déroula d'ailleurs en Italie. Il est l'auteur d'une cinquantaine de motets correspondant à trois périodes stylistiques. La première contient Sancta Maria succurre miseris et Gaudeamus omnes in Domino et se distinguent par des progressions conjointes, de considérables mélismes et une tessiture étroite. Les motets de la période médiane (c1520-25) révèlent un style plus déclamatoire et le souci que la ligne mélodique puisse s'adapter fidèlement au rythme du texte. Deux exemples de cette période sont Ad Dominum cum tribularer et Gaudent in celis. La période de maturité présente des motets à plus de quatre voix dont O dulcissime Domine Jesu Christe et en particulier Congregati sunt. Ils sont caractérisés par peu de contrastes rythmiques, des mélismes dans les passages non-imitatifs, des notes de valeur plus longue, des phrases courts de faible ambitus et une attention particulière à unifier texte et musique. Verdelot eut une influence certaine sur les oeuvres d'Arcadelt, Palestrina, Gombert, Lassus et Morales. AG