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BACH STRANGE BEAUTY
Johann Sebastian BACH
Simone DINNERSTEIN
- Ref. BB2081
- SONY CLASSICAL, 2010.
Il y a quelques années, la jeune pianiste américaine décidait d'enregistrer les Variations Goldberg à compte d'auteur. La sensibilité de l'interprétation de l'oeuvre par cette jeune inconnue étonna et la hissa au niveau des meilleurs interprètes des célèbres Variations Elle a depuis entamé une carrière internationale et joue avec quelques uns des plus grands orchestres symphoniques. Néanmoins, ce « Bach Strange Beauty » me laisse perplexe. Chaque musicien ressent, assimile et réinterprète une oeuvre selon sa sensibilité et sa propre créativité. Simone Dinnerstein pense la musique de Bach comme étant sans cesse mystérieuse et inattendue, laissant une grande part à la liberté d'interprétation et imagine le jeu du compositeur lui-même parfois très proche de l'improvisation des pianistes de jazz qui sont plus libres dans leur jeu que les interprètes classiques. Ce qui est vrai. La musique baroque laissait beaucoup de liberté au jeu du musicien et certains musiciens de jazz se tournent vers elle pour le plaisir de l'improvisation que cette musique pourtant très élaborée rend possible.
L'enregistrement des concertos a été réalisé sans chef d'orchestre et c'est dès lors la pianiste qui donne la direction et le ton de l'interprétation mais voilà, il semble d'emblée que si la pianiste sait où elle va, l'orchestre a beaucoup de difficulté à la suivre, ce qui donne une impression de chacun pour soi, de lourdeur et de discordance. Est-ce le tempo lent du jeu de la pianiste, le touché peut-être romantique plutôt que baroque ? Ecoute comparative obligée entre collègues des collections classiques, du concerto n°1 en ré mineur BWV 1052 par Murray Perahia, conduisant lui aussi l'orchestre, l'Academy of St. Martin in the Fields. Légèreté, fusion, émotion, extrême sensibilité du touché ; là, le piano joue véritablement avec les autres instruments et l'oeuvre nous emporte dans ses joyeuses vibrations. Ecoute du même concerto avec Angela Hewitt au piano, concertant avec l'Australian Chamber Orchestra, soliste et orchestre conduits par le premier violon, Richard Tognetti. Même impression de musiciens qui concertent véritablement ensemble, de sensibilité concertante. Néanmoins, la virtuosité de Simone Dinnerstein reste évidente dans les pièces pour piano seul, lorsque sa sensibilité peut s'épanouir libérée des contraintes d'un ensemble. (FVW)
Interprètes
- Simone DINNERSTEIN : Piano
Œuvres
- Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ, pour piano (transcr. piano de Busoni), BWV 639
- Concerto pour 1 clavecin, cordes et continuo n°5, fa (adapté d'un concerto pour hautbois perdu), BWV 1056
- Nun Freut euch, lieben Christen g'mein, pour piano (arr. Kempff), BWV 734
- Englische Suite, pour clavecin n° 3, sol, BWV 808
- Concerto pour 1 clavecin, cordes et continuo n°1, re (adapté d'un concerto de violon perdu), BWV 1052
- Jesu bleibet meine Freude (arr. pour piano par Myra Hess), BWV 147