Vu dans Diapason (septembre 2008)

Gioseffo Zarlino, né à Chioggia, probablement le 31 Janvier 1517, est mieux connu pour ses recherches théoriques sur l'art sonore que pour ses compositions. Il fut l'incontestable chef de file de la pratique du contrepoint au 16ème siècle. Dans son livre Le istitutioni harmoniche, un panorama de l'histoire de la théorie musicale, il érige les méthodes d'écriture contrapuntique élaborées par Adrian Willaert au rang de modèle. Zarlino reçut sa première éducation musicale auprès des Franciscains dont il rejoignit la fraternité dès 1539. Il est enregistré comme chanteur et organiste à la Cathédrale de Chioggia entre 1536 et 1540. S'installant à Venise en 1541, il devint élève de Willaert et étudia la logique, la philosophie, le grec et l'hébreu. Il prit la succession de Rore en tant que maestro di cappella à St Marco, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort. Parmi ses élèves figurent les noms de Claudio Merulo, Giovanni Croce, Girolamo Diruta, Vincenzo Galilei and Giovanni Maria Artusi. Ces informations nous viennent de l'histoire de sa vie écrite par son ami Bernardino Baldi.

Zarlino publia sa première anthologie de motets en 1549. Ce recueil fut suivi d'un ensemble de motets sur les textes du Cantique des cantiques, traduits de l'hébreu par Isidoro Chiari. Cette nouvelle traduction révélait des aspects surprenants de ce corpus bien connu à cette époque. Le compositeur tira parti du découpage en huit parties du texte pour attribuer à chaque partie un mode, suivant ainsi la théologie qui voit dans le Cantique des cantiques une ascension vers l'union mystique du peuple élu avec son dieu. Suite aux entreprises de réformes du Concile de Trente, l'oeuvre n'aboutit pas, seuls 10 motets furent achevés. La plupart comptent 5 voix et présentent un contrepoint subtil, évitant les cadences trop marquées ainsi que les imitations rigoureuses et révélant une conception vraiment originale du langage musical.

Cette première dans nos collections de l'oeuvre de Zarlino ne sert pas l'oeuvre géniale de ce compositeur. Un chant plat et confus, une mollesse se voulant suave gâte assurément le résultat. Je ne puis que vous recommander de découvrir ces motets en faisant néanmoins abstraction des défauts de l'interprétation. AG