DIAPASON D'OR JUIN 2012

Bien qu'elles soient fréquemment au programme des concertistes, l'histoire des Variations sur un thème de Diabelli de Beethoven est largement méconnue. Le point de départ de cette composition est un défi lancé par Anton Diabelli, compositeur mais aussi éditeur, à une cinquantaine de " collègues ", virtuoses ou amateurs éclairés. Pour assurer une cohérence du recueil qu'il voulait publier, chaque compositeur reçut une feuille comprenant le thème qui occupait les quatre cinquièmes du recto. Une variation devait être notée sur le reste de la feuille et lui être rendue. Les potentialités du thème proposé par Diabelli étaient nombreuses et permettaient des variations en tous genres. Beethoven n'en resta cependant pas là. Ce n'est pas une mais bien quatre-vingt-quatre pages que nécessita le recueil qu'il publia un an plus tard. Trop souvent réduites à un morceau de bravoure aujourd'hui, les Variations sur un thème de Diabelli composées par Beethoven étaient alors une oeuvre très en avance sur son temps. Le manuscrit original sur lequel s'est penché Andreas Staier en révèle toute la complexité. L'écriture incroyablement riche et diversifiée fait littéralement exploser les limites du thème proposé par Diabelli. Le traitement des sonorités s'avère également très subtil. Andreas Staier a choisit de jouer sur une copie de pianoforte Conrad Craf pour pouvoir affiner le travail des timbres, au coeur de la réflexion beethovénienne. Et pour assurer la transition entre la dizaine de pièces de compositeurs ayant répondu à l'invitation de Diabelli qu'il nous présente et la composition de Beethoven dont il nous donne une interprétation majeure, il a écrit une " Introduzionne " à partir d'esquisses de Beethoven. Un Diapason d'or largement mérité est venu couronner ce très beau travail en juin 2012. AF