"For winter's rains and ruins are over, And all the season of snows and sins; The days dividing lover and lover, The light that loses, the night that wins; And time remembered is grief forgotten, And frosts are slain and flowers begotten, And in green underwood and cover Blossom by blossom the spring begins" Atalanta in Calydon d'Algernon Charles Swinburne (1837-1909) Pour un Anglais, l'amour de la Nature n'est pas une vue de l'esprit. La succession des saisons avec ses changements progressifs l'émeut profondément tout comme les manifestations de vie qui permettent de prendre conscience de l'écoulement du temps. Nombres de poèmes issus de la littérature en langue anglaise évoquent de manière imagée cet environnement en perpétuel devenir. Le même intérêt se retrouve chez les compositeurs ce qui a donné naissance au 19ème siècle à un courant spécifique excellant dans la description de cette nature. Le présent enregistrement se concentre sur une saison, le printemps, évoqué au travers d'oeuvres symphoniques d'Arnold Bax, de Frederick Delius et de Franck Bridge. Si je cite un extrait d'Atalanta in Calydon de Swinburne en introduction c'est parce que ce poème a inspiré Spring fire de Bax. En cinq brefs mouvements, nous sommes témoins de l'éveil de la forêt après l'hiver, du lever du soleil dissipant les brumes et les restes de givre, l'explosion des premiers bourgeons gorgés de sève. Comment traduire ce ressenti en sons ? Des nappes de cordes figurent la végétation endormie, transpercées ça et là par un trait de flûte ou de hautbois pour signifier les prémisses de ce réveil. Ce sont encore les bois qui expriment les premiers mouvements de la sève, les premiers chants d'oiseaux en particulier le coucou. Peu à peu, la pâte orchestrale se déploie comme s'ouvrent les premières feuilles et apparaissent les premières traces de verdure. L'apothéose de cet épanouissement est confiée aux cuivres qui, sur un rythme de bacchanale, font fuir les dernières giboulées pour laisser les rayons du soleil réchauffer la terre. Chacun des compositeurs décline ce schéma, certes réducteur, au gré de sa personnalité. Il en résulte 74 minutes 30 de vrai bonheur en compagnie de spécialistes de la musique pastorale : Hallé et Sir Mark Elder. AG