Chacun à leur manière, François Rasse, Joseph Ryelandt et Victor Vreuls ont pratiqué un langage directement issu du romantisme mais ces trois trios à clavier sont de réelles perles de notre patrimoine musical belge. François Rasse (1873 - 1955) a étudié le violon au Conservatoire Royal de Bruxelles auprès d'Eugène Ysaye auquel est dédié le Trio Op.16 enregistré ici. Ecrit en 1897, juste après l'obtention de son diplôme, cette pièce est construite autour de l'opposition de deux thèmes qui se combinent habilement. Il est intéressant de savoir que Rasse a été successivement professeur au Conservatoire de Bruxelles, chef d'orchestre au théâtre de la Monnaie, au Capitole de Toulouse, au Concertgebouw d'Amsterdam et directeur du Conservatoire de Liège : une belle carrière dans le monde musical du début du 20ème siècle. Le brugeois, Joseph Ryelandt (1870 - 1965) a été élève d'Edgar Tinel avant de devenir professeur de contrepoint au Conservatoire de Gand. Grâce à ses grands oratorios sacrés, il a acquis une renommée internationale. Le Trio n°1 Op.57 a été écrit entre 1914 et 1915 et ne comporte que deux mouvements. Si le premier mouvement porte des accents mystérieux,

l'andante qui lui succède adopte la forme de la variation. On y retrouve quelque chose de la manière de César Franck. Après ses études au Conservatoire de Liège, Victor Vreuls (1876 - 1944) s'est perfectionné à Paris avec Vincent d'Indy. De 1901 à 1906, il enseigne l'harmonie à la Schola Cantorum dont d'Indy est un des fondateurs puis, jusqu'en 1926, il dirige le Conservatoire de Luxembourg. Si ses oeuvres de maturité reflètent un gout très wagnérien, son Trio Op.1 est juvénile. Dès le premier mouvement noté " impétueux ", la fougue de la jeunesse s'exprime avec énergie et fraicheur. On peut être surpris par les ruptures de style et les inserts très rapsodiques mais l'ensemble ne manque certes pas de charme. Une fois de plus : à découvrir, avec une pointe de fierté. AG