Le compositeur allemand Walter Braunfels connut son heure de gloire dans les années 1920 avant d'être lui aussi, victime du régime nazi. Braunfels commença l'étude du piano à l'âge de 12 ans avec James Kwast au Hoch Conservatory de Frankfurt. Il étudia aussi le droit et l'économie à l'Université de Munich. L'audition de Tristan und Isolde de Wagner le décida à se consacrer entièrement à la musique. En 1902, il arriva à Vienne pour étudier le piano avec Leschetizky et atteint en un an un niveau de virtuosité suffisant pour entreprendre une carrière de concertiste. De retour à Munich il étudie la composition avec Thuille et devient en 1925 co-directeur de la Hochschule für Musik de Cologne. Opposant acharné des Nazis, Braunfels perd son poste en 1933 sous prétexte de son origine juive. Sa musique est prohibée sous le Troisième Reich. Braunfels, refusant de quitter l'Allemagne est exilé au Lac de Constance où il continue à composer. Après la guerre, il participe à la reconstruction de la Hochschule de Cologne dont il est nommé professeur émérite en 1950. Comme beaucoup de compositeurs de sa génération, Braunfels fut profondément influencé par Wagner mais aussi par la virtuosité orchestrale de Berlioz. Ses oeuvres pour la scène attirent rapidement l'attention du monde musical, notamment de Bruno Walter, ce qui lui ouvre les portes des opéras en Allemagne dès les années 1920. En 1924, son opéra Don Gil von den grünen Hosen connait un énorme succès et fait de lui un égal de Richard Strauss et de Franz Schreker. Dans les oeuvres suivantes, Braunfels renonce au langage romantique tardif pour plus d'austérité et un style neo-Baroque, des sonorités massives rappelant celui de Bruckner. Cette austérité devient encore plus apparente après 1933 où le compositeur se tourne davantage vers des sujets mystiques et religieux comme Szenen aus dem Leben der heiligen Johanna composé en 1939. Bien que Braunfels ait été réhabilité après 1945, sa musique ne jouit plus de la même estime que dans les années 1920. Considéré comme dépassé et réactionnaire dans le contexte de la musique de l'après guerre, son oeuvre a été oubliée. Cependant, un regain d'intérêt vit le jour dans les années 1990 avec la représentation de Die Vögel d'après Aristophane à Bremen en 1991 et Berlin en 1994. AG