Né vers 1621, l'organiste et compositeur Albertus Bryne vécut la période ô combien troublée allant de la Guerre Civile, le Commonwealth jusqu'aux premières années du règne de Charles II. Il est le parfait contemporain de Samuel Peppys, célèbre pour le journal qu'il tint quotidiennement en ces années. Bryne a tout d'abord étudié sous la direction de John Tomkins, lui succédant comme organiste à la Cathédrale Saint Paul en 1638. Sous les Puritains, il fut démis de son poste et survécut en enseignant le clavecin à Londres pendant le Commonwealth. Sous la Restauration, il retrouva son poste à St Paul et tenta sa chance auprès du roi pour obtenir le poste d'organiste de la Chapelle Royale à Whitehall, sans succès. Lors du Great Fire en 1666, la Cathédrale Saint Paul fut détruite, il déménagea donc à Westminster Abbey, poste qu'il tint jusqu'à sa mort en 1668. Bryne fut un des compositeurs de musique pour clavier le plus en vue de son époque ('that famously velvet fingered Organist' disait de lui Batchiler en 1661) Ses suites pour clavecin, injustement tombées dans l'oubli, eurent une importante inluence sur les compositeurs de la génération suivante. Comportant 4 mouvements, leur style n'est pas sans évoquer la manière de Louis Couperin par le traitement abouti des voix et leur ornementation fleurie.

Second fils d'Orlando Gibbons, Christopher entra au service de Charles Ier dès sa jeunesse comme choriste à la Chapelle Royale. En 1638, il succède à Thomas Holmes comme organiste de la Cathédrale de Winchester. Cité par Playford dans son A Musicall Banquet comme professeur d'orgue et de Virginal, il fut au nombre des musiciens de l' 'Instrumental Musick' pour The Siege of Rhodes de Davenant, donné à la Rutland House. A la Restauration, Gibbons devint musicien appointé de Charles II et organiste de la Chapelle Royale et de Westminster Abbey, places qu'il occupa jusqu'à son décès en octobre 1676. En tant que claviériste, Gibbons fut une figure marquante de la musique à la Restauration. Comme compositeur, son style énergique et direct le distingue de Locke. Ses verse anthems avec accompagnement d'orgue s'inscrivent dans la tradition tandis que ses fantaisies- suites pour violons et basse de viole constituent les derniers exemples du genre établi par Coprario. Bien que peu de pièces pour claviers aient survécues, les double voluntaries anticipent sur le style d'un de ses élèves: John Blow. Instruments choisis: Orgue Renatus Harris (1702-1704) à St. Botolph's Aldgate. Facture anglaise typique: Great & Choir, pas de pédale et un beau choix de diapasons. Clavecin d'après Johannes Couchet, épinette d'après Charles Haward et clavecin à double manuel d'après Johannes Ruckers (Le Colmar)AG