La Guerra de los Gigantes de Sebastian Duron narre la bataille menée par les géants contre les dieux et leur défaite. Allégorie de la Guerre de Succession d'Espagne, cet opéra nous est livré de mains de maître par le chef Rogerio Gonçalves et son ensemble A Corte Musical, avec les chanteurs Eva Juarez (Jupiter), Camilla de Falleiro (Hercules), Anna Freivogel (Minerva) et Maria Weiss (Palante). L'ambiance volontiers exotique est assurée par les instruments (guitares, harpe et percussions) ainsi que par la prosodie issue des langages folkloriques. Savoureux. AG

Le premier professeur de Sebastian Durón fut Andrés de Sola, le premier organiste de la cathédrale de La Seo (Zaragoza). De 1679 à 1685, il fut second organiste de la cathédrale de Séville pour laquelle il compose de la musique religieuse mais aussi des villancicos pour le choeur. Peu à peu, Duron se rapproche de la cour à Madrid et devient en 1702 maestro de capilla à la cour où il compose, outre la musique sacrée, des oeuvres pour la scène. Sa carrière à Madrid prit fin de manière abrupte en 1706 quand il fut démis de ses fonctions et exilé pour avoir soutenu ouvertement la cause de l'Autriche contre le roi Bourbon Philip V dans la Guerre de succession d'Espagne. Exilé en France, il finit sa vie au service de Mariana de Neuburg. L'opéra de Durón La guerra de los Gigantes a été composé à la demande du comte de Salvatierra c'est-à-dire à destination d'un public aristocratique. L'histoire et cinq personnages de l'opéra sont issus de la légende de la révolte des géants contre les dieux de l'Olympe. A cause de la perte du livret, il est difficile de dire si la partition en un acte représente la totalité de l'oeuvre et si celle-ci était chantée en entier. De plus, la rareté des récitatifs fait que l'action ne progresse que par les airs de forme strophique et les choeurs à quatre voix. Il semblerait que cette pièce soit plutôt une zarzuela avec des dialogues parlés et plusieurs rôles additionnels qui n'étaient pas chantés. AG