Vu dans Diapason (Juillet 2011) et Classica (Juillet 2011)

L'anniversaire de la naissance de Félicien David n'a pas fait couler beaucoup d'encre en 2010, il semble que l'année 2011 tente de rattraper cet injuste silence. L'Ensemble Baroque de Limoges lui consacre un superbe enregistrement consacré à ses 24 quintettes à cordes présentés dans un recueil intitulé Les Quatre Saisons. Cette réalisation contenue dans un très élégant coffret, nous propose 12 quintettes, un par mois, se présentant sous forme de soirées musicales. Les quintettes ne possèdent qu'un seul mouvement et ne se veulent pas descriptifs mais plutôt récréatifs. Il s'agit bien de musique de salon, agréable à jouer, agréable à entendre. AG

Né dans le Vaucluse en 1810, Félicien David fut admis comme choriste à la maîtrise de St Sauveur à Aix-en-Provence où il fit son apprentissage musical. La fièvre de la composition le prit très tôt. Elève au collège Saint Louis à Aix, il découvre l'opéra comique et les oeuvres sacrées de Haydn, Mozart et Cherubini. Il réussit à se faire admettre au Conservatoire de Paris alors dirigé par Luigi Chérubini et étudie dans les classes de Fétis (contrepoint et fugue) et Benoist (orgue) tout en donnant des leçons de musique. En 1831, il rejoint les Saint-Simoniens, adeptes de l'égalité sociale et compose de la musique pour leur culte. La dissolution du mouvement en 1832 lui donne l'idée d'aller en orient prêcher le message des Saint-Simoniens. Le voilà à Constantinople, Smyrne, Jaffa, Jerusalem et enfin en Egypte. Il est fasciné par ce qu'il découvre et ramène de son aventure, une série de pièces nourries de cette expérience. De retour à Paris en 1835, David publie à ses frais une collection de Mélodies orientales qui ne rencontre que peu de succès, le public ayant de la peine de passer de la littérature (les Orientales de Victor Hugo) à la musique. L'Orientalisme était à ses débuts. David va à nouveau changer de cap: il quitte Paris, s'installe à la campagne où il s'intéresse à la musique instrumentale. C'est dans ce contexte qu'il rédige les 24 mini-quintettes à cordes répartis en 4 livres intitulés Les quatre saisons. S'y ajoutent deux nonets pour cuivres et sa Première symphonie qui sera jouée à Paris en 1838 aux Concerts Valentino. Plusieurs mélodies aux titres évocateurs datent aussi de cette époque : Le pirate, L'égyptienne et Le bédouin. En 1841, David revient à Paris et termine sa troisième symphonie. 1844 marque un tournant dans la carrière de David. La création de Le désert dans un concert consacré uniquement à ses oeuvres amène le succès. Le public est mûre et se passionne désormais pour les sujets orientaux et David se lance dans la rédaction de pièces descriptives comme le feront Gounod, Bizet, Delibes, Saint-Saëns, Roussel, et bien d'autres. Surfant sur la vague du succès, David se rend en Allemagne où il rencontre Mendelssohn et Meyerbeer. Il en revient avec un oratorio, Moïse au Sinaï (1846) et Christophe Colomb, une oeuvre exploitant les recettes de Le Désert. En 1851, il écrit pour la scène La perle du Brésil qui restera 30 ans au répertoire de l'Opéra-National. Les éléments descriptifs n'y manquent pas. Suivront l'opéra Herculanum en 1859 et Lalla-Roukh en 1862, un chef d'oeuvre de délicatesse qui établira la renommée de David. En 1867, il reçoit une récompense de l'Académie des Beaux Arts pour Herculanum et Lalla-Roukh et en 1869, il succède à Berlioz comme membre de l'Institut et bibliothécaire du Conservatoire. Romantique, David est influencé par Mendelssohn, Meyerbeer et Berlioz mais il garde sa personnalité par l'exotisme qui fleurit dans son écriture. Son talent à décrire le pittoresque dans un langage direct lui vaudra d'influencer des compositeurs comme Gounod, Lalo, Saint-Saëns, Massenet et, plus profondément sans doute, Delibes. AG