Vítezslav Novák apprit la musique très jeune, sa mère jouait du piano et il eut l'occasion d'apprendre le violon. Dès l'âge de 16 ans, il compose des mélodies et des pièces pour le piano. En 1893, il est diplômé en philosophie de l'université de Prague tout en suivant des cours d'esthétique musicale et de composition au conservatoire de la même ville. L'enseignement de Dvorák le stimula énormément, ouvrant les portes de son style propre. Ayant attiré sur lui l'attention de Johannes Brahms, il voit ses oeuvres éditées à Berlin chez Simrock. 1896 marque un tournant dans sa carrière : pendant ses vacances d'été, il découvre le folklore morave. Il décide d'approfondir ses connaissances en étudiant des recueils de mélodies populaires tchèques et moraves, en écoutant des chanteurs. En 1897, il rencontre Leos Janácek, l'autorité en matière de folklore morave au tournant du siècle. Novak devient une figure culturelle incontournable à cette époque qui voit le développement du nationalisme tchèque dans l'Empire Austro-hongrois. Sa connaissance des langues étrangères lui permet de nouer des contacts dans l'Europe entière ; il s'implique dans la vie sociale et musicale de Prague. Il se fait une belle réputation de professeur si bien qu'en 1909, il ouvre une classe de perfectionnement en composition au Conservatoire de Prague qui verra passer une centaine de compositeurs jusqu'en 1939, année de sa retraite. Ses principales réalisations comprennent le poème symphonique V Tatrách (1902), la Slovácká suita pour petit orchestre (1903), la Sérénade en Ré pour petit orchestre (1905) et la cantate Bou?e (1908-10). Ces oeuvres ainsi que les pièces pour piano comme la Sonata Eroica (1900) et Pan (1910) font de Novák un des fondateurs de la musique moderniste tchèque au début du 20ème siècle. Dans les années 1930, son style se modifia, reflétant les événements politiques qui voyaient jour à ce moment. Jihoceská suita fut écrit suite à la tragédie de Munich en 1936. Pendant la seconde Guerre mondiale, Novak fit de sa musique un symbole de patriotisme et de résistance à l'envahisseur. Le De profundis (1941) pour orchestre et orgue et le Svatováclavský triptych pour orgue et orchestre firent passer leur message aux troupes d'occupation.Tous les genres sont représentés dans le catalogue d'oeuvres de Novak depuis le poème symphonique jusqu'à la pièce pour piano en passant par la mélodie et la musique de chambre. Son ardeur romantique a été tempérée par ses études académiques et son intérêt pour le folklore. Son langage est plus proche de celui de Dvorak que de celui de Janacek. Les pièces pour piano enregistrées ici font une belle démonstration de son savoir faire. Novak est à coup sur un compositeur méritant plus d'audience qu'il n'en a actuellement mais la qualité des enregistrements qui lui sont consacrés ne sont pas toujours à la hauteur de sa musique. Hélas. AG