« Polychrome. Ce simple concept définit à lui seul l'essence même de cet enregistrement, dans lequel la couleur est omniprésente et revêt des formes diverses et nuancées. Le choix des oeuvres interprétées forme à lui seul à la fois une harmonie et un contraste de teintes et de sonorités : dans cet album vous sont proposées la virtuose et lyrique Sonate pour violon et piano no. 2 en ré majeur, op. 94bis de Sergei Prokofiev, la Sonate posthume de Maurice Ravel, ainsi que la Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur, op. 18 de Richard Strauss, pièce maîtresse de cet album. Tobias Feldmann, lauréat du Concours Musical International Reine Elisabeth 2015, nous invite à ce voyage musical dans son langage violonistique coloré et expressif, que souligne avec finesse son complice Boris Kusnezow. Mêlant habilement virtuosité et élégance, leurs doigts experts forment une alchimie dont l'extrême précision permet à ces oeuvres de dévoiler toute leur poésie et leur raffinement, en nous révélant leur couleur propre à chacune. Alpha Classics est fier de soutenir le développement de la carrière de ces jeunes artistes déjà confirmés. » outhere-music.com/fr/albums/polychrome-alpha-253

Belle carte de visite pour ces deux interprètes, cet enregistrement met en perspective la Sonate n°1 en la min. de Ravel avec celle de Richard Strauss en Mib majeur que seules 10 années séparent.  Ravel est encore aux études lorsqu'il rédige l'unique mouvement de cette sonate dite posthume (elle ne sera publiée que dans les années 1970). Nous sommes en 1897, Ravel a 22 ans et bénéficie des conseils de Gabriel Fauré pour la composition.  Rien d'étonnant à voir se profiler l'ombre des sonates pour violon et piano de ce dernier et de César Franck dans cet Allegro moderato marqué « très doux ».

Dix ans plus tôt, Richard Strauss s'attelait à la rédaction de sa sonate pour violon et piano en Mi bémol majeur. Strauss a 23 ans, il a terminé son apprentissage musical et s'est déjà lancé dans la composition de poèmes symphoniques à l'écriture bien aboutie. Sa sonate se ressent de cette influence orchestrale dans une forme chambriste qui met le compositeur un peu à l'étroit. Quelques réminiscences de Chopin, de Beethoven et de Schubert ne masquent pas la personnalité bouillante de Strauss, notamment dans un finale incandescent. De quoi mettre les interprètes en valeur.