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QUATUOR CORDES 1,2 (+ SIBELIUS)
Bedrich [Friedrich] SMETANA

DANTE QUARTET

  • Ref. DS7557
  • HYPERION, 2011. Enregistrement 2010.

Vu dans Diapason (septembre 2011)

Krysia Osostowicz, Giles Francis: violons - Judith Busbridge: alto - Bernard Gregor-Smith: violoncelle

" Voix intimes ", jamais titre ne s'est aussi bien adapté au contenu d'un enregistrement. En effet, Jean Sibelius et Bedrich Smetana livrent leurs préoccupations intimes dans les trois quatuors enregistrés ici. Le Quatuor à cordes en ré mineur Voces intimae op. 56 fut commencé dans les dernières semaines de l'année 1908. Sibelius y travailla à Londres au début 1909 pour y mettre le point final à Paris en avril 1909. C'est l'oeuvre de musique de chambre la plus étendue dans le catalogue du compositeur. D'emblée, elle surprend par un langage s'éloignant du romantisme pour entrer dans la modernité. Les thèmes abondent, se bousculent, la musique trépigne dans une sorte d'urgence, reflétant les pensées tantôt pleines de confiance, tantôt les plus sombres qui se bousculent dans l'âme de Sibelius. Le Quatuor en ré mineur est un jalon annonçant la Quatrième Symphonie.

La genèse du Premier Quatuor en mi mineur de Smetana remonte à l'été 1874, le compositeur était alors en butte à une campagne de dénigrement lui reprochant d'être trop âgé et d'avoir été incapable de créer une musique spécifiquement tchèque. Ces reproches touchent profondément Smetana, des troubles de l'audition apparaissent à ce moment menant à la surdité totale dans le courant du mois d'octobre de la même année. Après une période d'abattement, il revient à la composition en 1876 avec un quatuor qu'il intitule " De ma vie ". Oeuvre programmatique dont les quatre mouvements évoquent pour le compositeur le déroulement de son existence. Ainsi dans le premier mouvement Allegro vivo appassionato, il rappelle la fougue de sa jeunesse tout en faisant deviner le destin qui l'attend : le note mi du final figure le sifflement qui annonçait sa surdité. L'Allegro moderato alla polka revient à l'entrain de la jeunesse, au plaisir de la danse et au souvenir des danses tchèques composées par Smetana. Suivent alors les amours du compositeur dans un Largo Sostenuto passionné. Le Vivace terminal exprime la joie d'avoir su créer un langage musical national et de constater le succès qu'il engendre. Ce finale entraînant est brusquement interrompu par un silence dans lequel vient résonner la note mi dans l'aigu. Smetana décrit alors l'installation de la surdité et le désarroi qu'elle fait naître en lui. Nous recevons là les confidences intimes d'un homme privé de son art, de son pouvoir de création. Le Second Quatuor, bien que distant de 6 ans du premier, s'inscrit dans la même trajectoire autobiographique. Interné dans une maison de santé, Smetana pratique une écriture plus épurée fonctionnant par allusion. Le premier mouvement Allegro recherche les contrastes saisissants ; le mouvement qui lui succède fait nettement référence au Premier Quatuor par la tonalité de mi mineur et le choix d'un rythme de polka. Les interruptions sont nombreuses dans ce mouvement, faisant alterner des climats contradictoires. Cette manière de faire se retrouve dans le troisième mouvement Con fuoco qui surprend par sa véhémence. Le discours est véritablement éclaté, superposant divers éléments. La conclusion est un Presto utilisant la polka comme substrat. Composé en ré majeur, cette fin apparaît comme un happy end bien étrange. Le Dante Quartet offre ici une belle lecture équilibrée mettant autant en valeur les éléments idiomatiques de chaque compositeur et le contenu émotionnel de ces oeuvres. AG

Interprètes

Œuvres

  • Jean SIBELIUS : Quatuor à cordes n°4, re "Voces intimae", Op. 56
  • Quatuor à cordes n°1, mi "Z mého zivota - De ma vie", T 116
  • Quatuor à cordes n°2, ré, T 131