"En 1817, deux ans après la restauration de la Monarchie par Louis XVIII, la Cour assiste à l'exécution du Requiem de Cherubini à la mémoire de Louis XVI, tandis qu'on saisira l'occasion des trente ans de la mort de Marie-Antoinette (1823) pour faire jouer la Messe des morts de Charles-Henri Plantade en sa mémoire. Berlioz vient d'arriver à Paris, et c'est au même moment que meurt Napoléon, en exil sur l'île de Sainte-Hélène. En 2015, le Château de Versailles présente ces deux oeuvres au cours d'un même concert. Si le Requiem de Cherubini, composé pour choeur mixte et orchestre, mais sans soliste, est bien connu, le Requiem de Charles-Henri Plantade, qui a la même forme, est une découverte totale. Il offre un pont saisissant entre les modèles de l'Ancien Régime et le premier Romantisme et fait preuve d'une richesse et d'une inventivité qui fait penser à Méhul, Cherubini et même Rossini. Exhumé par le Palazetto Bru Zane, cet ouvrage est ici enregistré pour la première fois. Grand spécialiste de la musique française et des grandes formes sacrées, Hervé Niquet donne toute la mesure de ces deux oeuvres, enregistrées dans la Chapelle Royale, qui viennent enrichir la collection Alpha / Château de Versailles." https://www.outhere-music.com/fr/albums/requiems-pour-louis-xvi-et-marie-antoinette-alpha-251

Un petit mot sur Charles-Henri Plantade dont on découvre ici le Requiem à la mémoire de Marie-Antoinette. Né à Pontoise le 19 octobre 1764 et mort à Paris le 18 décembre 1839, Plantade est remarqué très jeune pour la beauté de sa voix. Formé à l'école des pages du roi à Versailles, il y fera la connaissance de la jeune Marie-Antoinette. Il y acquiert aussi une solide formation musicale (composition, violoncelle, claviers et harpe) qui lui permettra de se faire une place en vue dans les salons aristocratiques toujours à l'affut d'une musique de qualité pour agrémenter les bals et les réceptions. C'est grâce à la romance qu'il se fera un nom à défaut de faire fortune car les droits d'auteur n'existent pas encore. Après 1791, il entre dans l'orchestre de l'Opéra-comique tout en donnant des leçons de chant. En 1799, il est nommé professeur de chant au Conservatoire. Ses tentatives vis-à-vis de l'opéra seront sans lendemain. Il survit aux changements de régime, recevant la Légion d'Honneur sous l'Empire et étant nommé à la maîtrise de la Chapelle Royale à la Restauration. C'est pour cette fonction qu'il composera de la musique religieuse dont un Te Deum et un Salve Regina qui seront joués à Reims à l'occasion du sacre de Charles X en mai 1825. Mis définitivement à la retraite du Conservatoire en 1828, Plantade perd avec la Révolution de 1830 la plupart de ses charges, hors ses fonctions de chef de chant à l'opéra.