Diapason de avril 2013

" La musique qui ne vient pas du coeur n'est pas de la musique. Je suis resté un mélodiste " c'est ainsi que s'exprimait Henri Tomasi, un compositeur français alliant mysticisme et engagement comme citoyen du monde dans une oeuvre aux aspects contrastés.

Né le 17 août 1901 à Marseille, Henri Frédien Tomasi, étudie le piano au conservatoire de sa ville natale puis au Conservatoire de Paris. En 1927, remporte le Premier Second Prix de Rome de composition avec la cantate Coriolan. Parallèlement à la composition, Tomasi développe une carrière de chef d'orchestre notamment à l'Orchestre national. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se retire dans une abbaye où il compose quelques-unes de ses pièces majeures : Symphonie en ut, Requiem pour la Paix et l'opéra Don Juan de Mañara. 1946 verra la composition du Concerto pour trompette, pièce écrite pour le concours d'entrée au Conservatoire de Paris. En 1954, l'opéra L'Atlantide, d'après le roman de Pierre Benoit, est créé avec succès, suivi deux ans plus tard par Sampieru Corsu, un autre opéra et le Triomphe de Jeanne, un oratorio commandé pour les 500 ans du procès en réhabilitation de Jeanne d'Arc. Au fil du temps, son oeuvre se fait de plus en plus en phase avec l'actualité : Le Silence de la mer (d'après Vercors), L'Éloge de la folie (d'après Érasme), Retour à Tipasa (d'après Albert Camus), Concerto pour guitare " à la mémoire d'un poète assassiné, F.G. Lorca ", Symphonie du Tiers-Monde (en hommage à Hector Berlioz, d'après un texte d'Aimé Césaire). Par son style puissant et lyrique, il s'attire les reproches de l'avant-garde musicale des années 1950. À la fin des années 1960, sa santé se dégrade rapidement : il ne peut achever l'ensemble des Chants corses a cappella ainsi que son opéra Hamlet. Il décède à Paris, le 13 janvier 1971. Les trois pièces enregistrées ici retracent les dix dernières années de sa carrière. " Le Silence de la mer " est un bref drame lyrique composé en 1957-1958, d'après la célèbre nouvelle d'Henri Vercors, écrite et publiée clandestinement sous l'Occupation. L'histoire raconte les difficiles relations humaines entre un officier allemand et les habitants français de la maison où il est logé. Le baryton Bernard Demigny donne toute sa dimension au rôle de l'officier allemand. Sa diction remarquable permet de goûter pleinement le texte de Vercors. La Symphonie du Tiers-monde est une oeuvre forte qui commémore le centenaire de la mort de Berlioz en 1969 et le "Retour à Tipasa", cantate profane sur un texte d'Albert Camus évoque la Méditerranée et sa lumière radieuse. AG