Le disque que Linus Roth consacre aux sonates pour violon seul de Mieczyslaw Weinberg fait avancer notre connaissance de l'oeuvre de ce compositeur redécouvert il y a peu et dont le catalogue n'a rien à envier à celui de Prokofiev ou de Chostakovich. Né à Varsovie en 1919, il commence l'étude du piano avec son père pour ensuite poursuivre ses études au conservatoire de sa ville natale dans la classe de Józef Turczynski. Lors de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie en septembre 1939, il gagne l'URSS et s'installe à Minsk (Biélorussie) alors que toute sa famille est arrêtée et exterminée par les nazis. Il commence des études de composition au conservatoire de la ville avec Vassili Zolotarev et obtient son diplôme en juin 1941. L'invasion de l'Union Soviétique le 22 juin 1941 le force de nouveau à s'enfuir. Il s'installe à Tachkent (Ouzbékistan) et bénéficie du soutien parmi des réfugiés juifs qui lui font découvrir les partitions de Chostakovich.  Une amitié naîtra entre les deux hommes que seule la mort de Chostakovich en 1975 viendra interrompre.

Après des démêlés avec le régime de Staline, Weinberg connait enfin la reconnaissance de son talent. Ses oeuvres sont créées par les grands interprètes russes comme les musiciens David Oistrakh, Mstislav Rostropovitch, Leonid Kogan, Emil Gilels, les chefs d'orchestre Vladimir Fedosseïev, Kirill Kondrachine, Rudolf Barchaï et le Quatuor Borodine. Les dernières années de sa vie sont marquées par la maladie et il mourra en 1996 à Moscou, dans la plus grande précarité. Les trois Sonates pour violon seul datent de 1964, 1967 et 1978. La première et la deuxième font se succéder une série de mouvements contrastés tandis que la troisième possède une envergure toute différente. D'une durée de presque 30 minutes, elle est d'un seul tenant et représente un défi pour l'interprète. Elle est dédiée à la mémoire de Shmil Weinberg, le père du compositeur qui fut compositeur et chef d'orchestre au théâtre Yiddish de Kishinev avant de disparaitre dans la Shoah.