Lorsque que Tomás Luis de Victoria arriva à Rome en 1565, Palestrina était une vedette de la musique religieuse. Détenteur d'une " bourse d'étude ", Tomas étudie au Collegium Germanicum fondé par Ignace de Loyola. Il obtient son premier poste de Maestro de Capilla (maître de Chapelle) au Seminaire Romain et commence sa carrier de compositeur avec une collection de motets parue en 1572. En 1574, il est ordonné prêtre. Entre 1576 et 1585, les publications se succèdent : messes, motets, magnificats, hymnes mariaux, etc. En 1585, il fait paraître son monumental Officium Hebdomae Sanctae (Office pour la Semaine Sainte). Cette somme contient 37 oeuvres dont des Répons pour le Jeudi, Vendredi et Samedi, des Lamentations de Jeremiah, le psaume Miserere mei et le Benedictus (Cantique de Zacharie), deux Passions, des hymnes, des motets et d'autres pièces pour le même temps liturgique.

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Destiné aux trois jours de la Semaine Sainte, l'office des Ténèbres combine deux offices, les Mâtines et les Laudes. L'origine de son nom " ténèbres " réside dans l'extinction graduelle de 15 cierges placés sur un chandelier triangulaire. Ces cierges représentent le Christ, les apôtres (sauf Judas Iscariot et les trois Marie qui vinrent au tombeau. La clarté diminue pendant le service au fur et à mesure de l'extinction des bougies. On commence par celle placée au niveau le plus bas du chandelier qui correspond au début des Mâtines et pendant les 8 psaumes suivant, on éteint une bougie. Laudes voit l'extinction de 5 bougies pendant l'interprétation de 5 psaumes. Les 6 cierges disposés sur l'autel sont éteints pendant la récitation du Benedictus et la dernière, représentant le Christ est placée sous l'autel pendant la prière finale de manière à ce que l'office fini, l'espace soit plongé dans l'obscurité. Les participants font alors entendre un grand bruit et fermant brutalement les livres de chant et en les frappant contre les stalles pour symboliser le tremblement de terre qui se produisit à la mort du Christ. La dernière bougie est sortie de sous l'autel et placée sur le chandelier, où elle représente la résurrection et la lumière du Sauveur. A ce signal, les participants se retirent en silence.

Pour les Mâtines, chaque office se compose de trois nocturnes dont chacun possède trois psaumes, un court verset et répons, un Notre Père silencieux et une lecture. Les Laudes suivent avec 5 psaumes. La lecture du premier nocturne est tirée du Livre des Lamentations, la deuxième provient des Commentaires de Saint Augustin et la troisième des Lettres de Saint Paul. Il n'y a pas de polyphonie pour ces lectures qui se chantent donc recto tono. Victoria met en musique les répons qui suivent ces lectures pour les trois jours saints. Les textes des responsories suivent l'histoire de la Passion, mélangeant les Evangiles avec des commentaires datant du 4ème siècle. Pour le Jeudi de la Semaine Sainte (Feria V in Coena Domini), le premier nocturne commence au Jardin de Gethsémani, les deuxième et troisième nocturnes rapportent la trahison de Judas et l'arrestation de Jésus. Le Vendredi Saint (Feria VI in Parasceve), les nocturnes relatent le procès et le chemin de croix tandis que le Samedi (Sabatto Sancto) reflète la mort et la mise au tombeau du Christ.

Victoria a conçu les Tenebrae responsories pour quatre voix. Leur structure est ternaire : un répons en deux parties (A, B), un verset (C) et la reprise de la seconde partie du répons donnant la forme ABCB. Le verset met en oeuvre un nombre réduit de voix tandis que le répons est écrit à 4 voix. Le répons final de chaque nocturne possède une structure plus complexe : une forme ABCBAB. La musique de Victoria vient illustrer le texte, mettant un mot en valeur par un mélisme, répétant un membre de phrase ou utilisant les voix par paire pour créer une tension particulière. AG