Film américain de 1987.

"Alors que la musique de film symphonique semble de nouveau en défaveur, on ne boudera pas notre plaisir à découvrir, même vingt ans après sa sortie en salles, la B.O. de ce sympathique The Monster Squad, pièce manquante dans la filmographie du compositeur de Young Sherlock Holmes, Silverado ou Tombstone. Intrada vient à point nommé ajouter une nouvelle pièce à la discographie fantastique de Broughton. Voici, dans son intégralité, une partition symphonique virevoltante et gothique à la fois, avec de temps à autres ce petit côté léger : une manière de nous rappeler qu'il s'agit ici d'un film d'épouvante pour enfants et ados, dans la lignée de The Lost Boys ou des Goonies. Amateurs de subtilité, passez tout de suite votre chemin. Broughton n'est pas là pour rigoler et il nous plonge tout de suite dans le bain : The Monster Squad est certainement la plus intense des B.O. de teen movie fantastique. Il y a dans cette partition du mouvement et de l'énergie à revendre. Même si cette partition longtemps demandée par les fans n'a pas l'élégance et la richesse thématiques de Young Sherlock Holmes, en revanche elle ne lasse jamais, puisque Bruce Broughton a prouvé par le passé à quel point il sait comme personne tirer le meilleur parti d'un orchestre symphonique. L'album s'ouvre sur une pièce de sept minutes qui donne déjà le ton: cuivres chauffés à blanc, percussions implacables, choeur de femmes : rien ne manque pour convoquer musicalement les fantômes des monstres Universal. Si le film assume pleinement son mélange de rétro et d'inspiration spielbergienne, Bruce Broughton traite au contraire le film avec sérieux et conviction et achèvede donner au film de Fred Dekker l'assise dramatique qui le rend crédible. Voilàle genre de partition qui va faire saliver les amateurs frustrés que nous sommesde symphonisme eighties : non seulement il y a une vraie virtuosité dans l'écriture, mais en plus on appréciera le soin apporté au développement des différents thèmes et motifs. Un score qui brandit fièrement l'étendard symphonique, émaillé au passage d'hommages subtils aux grands collègues du compositeur : le Goldsmith de Poltergeist plane par moment sur certains passagesféroces tandis que dans ses passages délicats le bucolique To Kill a Mockingbird d'Elmer Bernstein se laisse deviner. Car à côté de la furie orchestrale permanente, le compositeur parvient aussi à glisser ici et là quelques plages plus calmes ou féeriques, qui viennent apporter à cette édition un contraste bienvenu. On pourra même découvrir un End Title original, plein d'énergie, hélas remplacé au final par une chanson totalement anodine. À l'écoute de cette très recommandable partition, l'on en vient immanquablement à regretter que le cinéma américain délaisse à ce point Bruce Broughton : voici uncompositeur auquel l'univers d'Harry Potter siérait parfaitement si John Williams devait définitivement déclarer forfait pour l'ultime volet. L'appel estd'ores et déjà lancé ! (Christian Lauliac, www.mad-movies.com)