Reggae Dancehall / Reggae Dub.

Réédition d'un LP de 1983, enregistré au studio Wackies de New-York, le "Dancehall showcase volume 2" de Sugar Minott est la suite d'un premier album paru sur Black Roots, le propre label du chanteur. A l'époque, Sugar Minott est au top, une valeur sûre pour n'importe quel producteur disposant de bons riddims.

Bullwackie figure dans cette catégorie : la qualité du son et des prises de voix made in Wackies, maintes fois vantée, est de nouveau à l'oeuvre sur les quatre riddims dancehall (seulement !) utilisés sur cet album. On aurait d'ailleurs aimé en savoir plus sur les musiciens employés, sachant que des pointures comme Clive Hunt ou Fabian Cooke traînaient leurs guêtres au studio à cette période. Que nenni, le packaging reprend très exactement la version originale, jolie au demeurant, - le code barre en plus - qui ne créditait ni les musiciens, ni les ingénieurs. Il devait pourtant y avoir du beau monde, vu la richesse du son, cuivres et choeurs, bien perceptible dans les dubs.

En réalité, l'album est composé de quatre maxi (singles plus dubs) dont deux sont particulièrement incontournables, illustrant les deux facettes de la personnalité artistique de Sugar Minott, réalité et romantisme : Informer et le monstrueux Genuine lover, tout deux des hits dans les danses reggae. Sur So we love it, plus léger mais néanmoins dancehall, inspiré du riddim Studio One Feeling soul de Bob Andy, Sugar Minott offre un style à mi-chemin entre le chant et le toast qui sied parfaitement à son propos. Dread a mi idren rend quant à lui hommage aux rastas et à leurs attributs capillaires. Seul avantage à cette version cd, deux titres bonus, sur le riddim Informer en version longue (dub compris), proposent une version deejay de Jah Batta et un titre de Little John, adapté du It mek de Desmond Dekker.

Malgré des qualités indéniables, le seul défaut de ce "Dancehall showcase" est cependant de taille : le riddim Informer bénéficie de trois dubs, alors que la durée totale du disque n'excède pas 40 minutes, pour 10 titres. Ramené à son prix, le ratio est donc plutôt prohibitif pour les auditeurs soucieux de leur pouvoir d'achat.

[Chronique écrite par Benoit Georges sur www.reggaefrance.com]