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CLASSICS
MODEL 500

  • Ref. XM678Y
  • R&S RECORDS.

Le Trio de Belleville - La légende de Detroit. Avec ses personnages mythiques, ses héros, et son unité de temps et de lieu, l'histoire de la naissance de la techno a tout d'une légende. Un mythe des origines, un conte édifiant, une fable révolutionnaire destinée à être apprise et révérée par les générations futures.

Et que faire face à une légende ? La remettre en question, émettre des doutes, la réviser dans ses détails ambigus ou embrouillés ? Cette histoire, comme toutes les légendes, a été maintes fois racontée, de première ou de seconde main, avec d'infimes variations, avec des précisions de plus ou de moins, des ajustements, des raccourcis, des partis pris ou des documents irréfutables. Bien sûr, heureusement pour nous, les faits concernés remontent à un peu moins d'une trentaine d'années, ce qui nous permet de disposer de témoignages, de traces écrites, filmées, enregistrées. Nous avons sous la main la plupart des acteurs de l'époque, qui sont toujours prêts à répéter à l'envi cette histoire qui est la leur, et à en confirmer les grandes lignes. Mais malgré cette proximité, toute mythologie finit par prendre ses distances avec l'histoire, et devenir intouchable, irréfutable, corroborée et sanctionnée par sa propre répétition. Alors comme un crédo, à redire, à ressasser, à reprendre en choeur, il faut simplement répercuter la légende. Ville industrielle déchue, abandonnée par les forces qui l'avaient créée, Detroit, " Motor City ", vivait par et pour l'industrie automobile américaine et les usines de la General Motors, de Ford et de Chrysler qui s'y étaient installées au début du XXe siècle.

Attirant des milliers d'ouvriers et créant la première ville dotée d'une classe moyenne prospère majoritairement noire, Detroit était rapidement devenue une des plus grandes villes des États-Unis en termes de population et de salaires. C'est paradoxalement ce qui déclenchera son déclin : la ville se videra progressivement de ses habitants, partis s'établir dans les faubourgs plus verts de la périphérie, laissant le centre-ville, privé de ses occupants et de ses revenus, tomber en décrépitude. L'automatisation de la production réduira drastiquement le personnel des usines et accélèrera encore le processus. Ville fantôme, aux énormes bâtisses luxueuses désertées et négligées, et à l'infrastructure, désormais excessive, désaffectée, elle sera le décor parfait des premiers pas de la techno.

Si la légende parle d'une naissance, d'une éclosion, les principaux acteurs de l'histoire sont prompts à expliquer que la techno avait des précédents, des origines, des influences. À l'époque, les épiphanies et les révélations passaient par la radio. Au début des années 1980, trois adolescents, Derrick May, Juan Atkins et Kevin Sanderson, se passionnaient pour la musique et se construisaient une éducation en écoutant l'émission radiophonique de Charles Johnson, plus connu sous le nom de The Electrifying Mojo. Ce programme musical se distinguait de la plupart de ses contemporains (et de beaucoup de programmes actuels) par son éclectisme radical et sa propension à joyeusement mêler les genres, passant du funk à la new wave et du rock à la soul, mais surtout, en refusant les barrières ethniques entre les musiques. C'est ainsi que pour le trio, les deux plus grands chocs culturels viendront de deux horizons assez éloignés : le funk intergalactique de Parliament/Funkadelic et le krautrock robotique de Kraftwerk. Derrick May aura la vision qui les guidera lorsqu'il imaginera Kraftwerk et George Clinton coincés dans un ascenseur avec un seul clavier à se partager. L'idée d'une fusion de ces deux univers et de ces deux histoires très différentes marquera profondément la musique qu'inventeront ces trois jeunes musiciens. Ils deviendront plus tard la sainte trinité des amateurs de techno qui les vénèrera sous l'appellation de Belleville Three (du nom de leur ville d'origine, à une cinquantaine de kilomètres de Detroit).

Chacun occupera une place particulière dans ce panthéon : Juan Atkins sera The Originator, le Godfather of Techno, son parrain, tandis que Derrick May sera connu comme The Innovator et que Kevin Saunderson se verra surnommé The Elevator. Leurs débuts dans la musique, dans différentes formations et différentes configurations (ensemble ou avec d'autres musiciens), les verront développer une musique électro-funk reflétant leurs influences, inspirée autant de leurs précurseurs (les deux précédemment cités, auquel on doit ajouter une longue liste de groupes comme Yellow Magic Orchestra, Gary Numan et Tubeway Army, Depeche Mode, etc.) que de mouvements contemporains comme l'électro de New York (Mantronix, Man Parrish, Arthur Baker, Afrika Bambaata, etc.) ou la house de Chicago. Ils revendiqueront également l'influence de leur ville et de ses entreprises sur leur amour des rythmes mécaniques et de la technologie en général, rappelant l'omniprésence à Detroit du vacarme industriel, et comment leurs parents et les autres ouvriers des chaînes de montage passaient plus de temps auprès des machines et des robots de l'usine qu'entre eux. Le premier des trois à entamer une carrière sera Atkins qui fondera le groupe Cybotron, avec Rick Davis, et établira les prémisses du genre avec des morceaux comme " Alleys of Your Mind " (1981) ou " Clear " (1983). Ils décideront de faire une musique exclusivement électronique, à base de synthétiseurs, de boîtes à rythmes et de vocodeurs, et adopteront une imagerie futuriste et technologique s'inspirant (en partie) des livres d'Alvin Toffler, Le Choc du futur et surtout La Troisième Vague, et sa vision de " techno-rebelles ".

Associant à cette perspective dystopique une musique froide et sombre, ils tireront profit d'un nouvel arsenal d'instruments électroniques : des machines récentes à un prix accessible, comme le synthé Korg MS-10, ou des instruments rejetés par la génération précédente comme les célèbres TB303 et TR909, deux machines conçues à l'origine comme une simple émulation, l'une d'une batterie, l'autre d'une basse, devant fournir un accompagnement à un musicien soliste (et solitaire). Ces machines s'étaient révélées un échec commercial et musical complet jusqu'à ce que plusieurs personnes pensent à les utiliser non plus comme une imitation d'instruments réels mais comme des machines à part entière, avec un son et des possibilités originaux. Après un différend musical avec Davis, Atkins se lancera en solo sous le nom de Model 500 et fondra son propre label, Metroplex, en 1985. (Benoit Deuxant)

Écouter les extraits

Pistes

  • 1 No UFO's, remix
  • 2 The chase, smooth mix
  • 3 Off the battle, remix
  • 4 Night drive drive, time, space, transmat
  • 5 Electric entourage
  • 6 Electronic, remix
  • 7 Ocean to ocean, instrumental
  • 8 Techno music, m500 version
  • 9 Sound of stereo