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FOXBASE ALPHA (DELUXE EDITION)
SAINT ETIENNE

  • Ref. XS022X
  • PLAY IT AGAIN SAM, 2016. Enregistrement 1991.

Lorsque Saint Etienne, réorganisé en néo-trio, s'attèle à son premier album, il est animé par l'impétuosité et l'excitation réservées aux débutants. Alors, dans ce disque, ces jeunes gens jettent à la volée tout ce qu'ils aiment et le conçoivent comme un patchwork de leurs influences tout en apprenant sur le tas, matérialisant leurs idées, même les plus saugrenues. Puis advienne que pourra. Et comme par enchantement, les pièces du puzzle (la pochette du maxi inaugural Only Love... prend alors tout son sens) s'assemblent alors que le groupe pense les livret et pochette intérieurs des Cd et vinyle originaux comme autant d'indices. Les Monkees et Oswaldo Piazza. Françoise Hardy et Tuesday Weld. Brian Wilson et Judy Geeson. Parmi tant d'autres. Histoire de délimiter un minimum le champ d'action, bien plus grand qu'un terrain de football. Les années 60 revues et corrigées par les nineties balbutiantes. Première pierre d'une discographie quasiment sans faille, Foxbase Alpha se dévoile à la fois en photographie parfaite d'une époque en pleine mutation et en nouveau dogme pour une future génération.  Comme le montre sa pochette stylée - la dénommée Celina Nash, future Golden et "actrice" du clip originel du Babies de Pulp, prend une pose Swinging London -, qui servira quelques années plus tard de mètre étalon pour les réalisations d'un groupe nommé Belle And Sebastian. Mélange d'ingénuité charmante et de compositions savantes, ce disque célèbre l'hédonisme, les amours adolescentes et Madchester ("To the sound of the World Of Twist/You leant over and gave me a kiss"), l'electropop et la (northern) soul, le folk et le hip hop, le Massive Central (sic) et l'équipe hongroise de Videoton. D'hymnes proto-house pour dancefloors multicolores (l'instrumental joliment intitulé Stoned To Say The Least) en ballade Motown (éternel Spring), de collages expérimentaux (Wilson) en pop éternelle (ravissante Girl VII), ce disque ressemble fort à la bande originale d'un weekend parfait.  Un weekend pendant lequel on aurait le temps de croiser King Tubby (sur le dub lascif de Carnt Sleep), de siffloter les Four Tops (qui accompagnent la voix moelleuse de Sarah sur l'hypnotique She's The One), d'aller au cinéma (re)voir Engrenages (les dialogues ponctuent l'ésotérique Etienne Gonna Die) et surtout, de se déhancher aux côtés de Dusty Springfield, dont le magnifique I Can't Wait Until I See My Baby's Face propulse l'imparable Nothing Can Stop Us, ritournelle addictive et devise que le groupe se fera un plaisir d'appliquer à la lettre. À l'instar de Kinks de l'ère post-indie, Saint Etienne célèbre aussi pour la première fois la ville dont il deviendra le plus bel ambassadeur, le temps de la délicieuse London Belongs To Me, avant d'imaginer un hymne pour afters avec Like The Swallow, odyssée sonique destinée à accompagner dans le petit matin blafard les fêtards extasiés et rassasiés. Seule formation au monde capable de se faire côtoyer le journaliste sportif... Jacques Vendroux (l'introductif This Is Radio Etienne) et le batteur photographe Joe Dilworth (la virgule finale Joe's Theme), Saint Etienne jongle avec un sens inné de l'élégance, qu'il soit adoubé par le journaliste Jon Savage - auteur des notes de pochette -, ou accompagné sur l'impérissable Only Love Can Break Your Heart par la basse d'Harvey Williams.  Bien évidemment complété par un deuxième Cd gavé d'inédits, de curiosités (le génial Fake 88 avec Stephen Duffy en invité de luxe), des singles d'alors (Kiss And Make Up, People Get Real...) et autres covers (Winter In America de Gil Scott-Heron, interprété par Donna Savage), Foxbase Alpha n'a toujours pas attrapé la moindre ride. Mieux, il est devenu un manifeste et l'une des véritables pierres fondatrices d'une décennie qui verra la démocratisation de la musique électronique et des samples, le retour d'une pop baignée dans les sixties (Blur, puis Oasis et consort), la résurgence des girlgroups ou la métamorphose en vraie princesse de Kylie Minogue, auteure d'une charmante reprise de Nothing Can Stop Us. Et s'il fallait aujourd'hui vraiment résumer cette oeuvre chatoyante en un mot, c'est bien le terme génial inventé dès 1990 par Bob Stanley pour évoquer Denim (alors tout nouveau projet de Lawrence Felt) qui vient à l'esprit : rétrofuturisme. Un rétrofuturisme devenu atemporel. (Christophe Basterra dans Magic RPM)

Écouter les extraits

Interprètes

Pistes

Disque 1

  • 1 This Is Radio Etienne (CD1 : Foxbase Alpha)
  • 2 Only Love Can Break Your Heart
  • 3 Wilson
  • 4 Carnt Sleep
  • 5 Girl VII
  • 6 Spring
  • 7 She's The One
  • 8 Stoned To Say The Least
  • 9 Nothing Can Stop Us
  • 10 Etienne Gonna Die
  • 11 London Belongs To Me
  • 12 Like The Swallow
  • 13 Dilworth's Theme

Disque 2

  • 1 Kiss And Make Up (CD2 : Bonus Disc)
  • 2 Filthy
  • 3 Chase HQ
  • 4 Sally Space
  • 5 The Reckoning
  • 6 Speedwell
  • 7 Parliament Hill
  • 8 People Get Real
  • 9 Sweet Pea
  • 10 Winter In America
  • 11 Fake 88
  • 12 Studio Kinda Filthy
  • 13 Kiss And Make Up (US Version)
  • 14 Sky's Dead