Adepte des climats troubles où drones enveloppants et guitares psychotropes se côtoient, Zelienople tend ici vers davantage de lisibilité et d'accessibilité, posant sur des structures cycliques et mouvantes un chant à l'aura mystérieuse, rivalisant de sensualité étrange avec celui de Matt Jones, tête pensante de Crescent. En filigrane, au travers de lignes de guitare à la beauté insidieuse, chahutées par de légères digressions, on retrouve la totale liberté d'expression de ces bristoliens énigmatiques, qui auraient choisi de divaguer sur une vaste trame ambient et opaque (Little Lady Eyefull). Ces plages psychédéliques qui tournent en cercles concentriques, le trio les développe à l'aide de basses caverneuses, de grandes orgues pénétrantes, d'un chant mystique et sorcier, de percussions qui aiment flotter et s'égarer (Water Saw, Dust Bowl), ou arborer des allures tribales et shamaniques pour fréquenter les feux de camp de Califone (All I Want Is Calm, incrusté de gamelans et bols tibétains, ou quelque chose de similairement spirituel). Par deux fois, leur musique perd en densité pour gagner en clarté et se rapprocher au plus près de Bark Psychosis, faisant résonner guitares, percussions et silence dans un même équilibre harmonieux (I Can Put All My Faith In Her), ou dans un univers aquatique sous-jacent (All Planned).