Chef d'oeuvre de rock « laid back » à l'inspiration très variée, 461 Ocean Boulevard reste un modèle du genre, du duel de guitares croisées avec Carl Radle sur « Motherless Children » au gospel personnel « Let it Grow » en passant par le précité « I Shot the Sheriff », les reprises blues de « Willie and the Hand Jive » signé Johnny Otis et « Steady Rollin' Man » de Robert Johnson. La ballade « Give Me Strength » qui donne son titre à cette compilation, appuyée par l'orgue d'Albhy Galuten, le dobro du maître et la frappe lente d'Al Jackson Jr., donne le ton de cette renaissance artistique sous tranquilisants. La présente réédition qui comprend des prises alternatives (« Please Be With Me » en acoustique et « Give Me Strength » instrumental au dobro), des chutes de studio (« Getting Acquainted 1 & 2 (Too Late) » n'ajoute rien à la performance car plusieurs de ces pièces comme « Ain't That Lovin' You » ou « Eric After Hours Blues » étaient déjà parues sur la version deluxe de 2004 ou diverses compilations. Concernant l'album live E.C. Was Here, le choix du compilateur s'est porté sur une version étendue et remixée de l'album original avec un double CD de seize prises captées à la Long Beach Arena (Californie), au Civic Center de Providence (Rhode Island) et deux ajouts provenant du Nassau Coliseum d'Uniondale (« Badge » de Cream et « Further Up on the Road » plutôt que les onze titres déjà parus des deux concerts donnés à l'Hammersmith Odeon de Londres les 4 et 5 décembre 1974, dont subsistent seulement le medley « The Sky Is Crying / Have You Ever Loved a Woman / Ramblin' on My Mind » et la suite inédite mais doublonnée « Ramblin' on My Mind / Have You Ever Loved a Woman ». Il faut donc posséder la version Deluxe Edition de 461 Ocean Boulevard, parue en 2004 mais ceux qui découvrent ce live conviendront du retour en forme opéré sur « Presence of the Lord » (période Blind Faith) et « Can't Find My Way Home », en sus des quatre inédits du concert du 20 juillet à Long Beach.

Entre ces deux parties (CD 1 et CD 3-4), chronologie oblige, l'album studio There's One in Every Crowd enregistré en mars 1975 à la Jamaïque, lors d'une conversion poussée d'Eric Clapton au reggae, constitue le CD 2 de la réédition. Si la reprise de « Swing Low, Sweet Chariot » dans l'idiome local reste plaisante, l'ensemble souffre d'un manque global d'inspiration et se rapproche jusqu'à l'excès de l'album précédent, sur « Little Rachel » ou les titres originaux « Better Make it Through Today », « Pretty Blue Eyes », « High » et « Opposites ». « Don't Blame Me » n'est même qu'une resucée de « I Shot the Sheriff ». Cinq nouvelles prises n'y changent rien, à l'exception de l'ajout d'un simple rare, « Knockin' on Heaven's Door / Someone Like You ». Enfin, le cinquième disque comprend la rencontre d'Eric Clapton avec l'un de ses héros, le guitariste Freddie King, aux studios Criteria de Miami, deux ans avant la disparition du bluesman. Outre « Sugar Sweet » et « TV Mama », les quatre titres déjà publiés incluent le furieux « Boogie Funk » et la version complète en vingt-deux minutes de « Gambling Woman Blues ». Pour les plus exigeants en matière de qualité sonore le coffret propose un sixième disque Blu-ray incluant les 5.1. Surround Mix et versions quadraphoniques. Un livret signé John Linskey complète le menu plantureux, bien que largement connu des plus pointus admirateurs, de Give Me Strength: the 1974/1975 Recordings. (Blog T411)

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