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KRST POD TRIGLAVOM - (BAPTISM)
LAIBACH
- Ref. XL042J
- SUB ROSA, 1987.
En 1988, Laibach était encore une énigme totale. Leurs spectacles, trompettes et tambours militaires, culottes de peau tyroliennes et drapeaux douteux, semblaient dans le meilleur des cas trop outrés pour être vrais. Réminiscent des mises en scène de Leni Riefenstahl à Nuremberg, ils attiraient à la fois les nazillons fans de musique extrême, et les intellectuels curieux. Ceux-ci prenaient le pari de décoder le groupe comme un discours ironique, déguisant une profondeur certaine sous les oripaux taboux du totalitarisme. Leurs interviews, impossible à percer à jour, n'aidait en rien, tant les membres du groupe s'ingéniaient à ne jamais sortir de leur personnage, à ne jamais répondre à la question posée (êtes-vous oui ou non nazis ?) Et à brouiller toutes les pistes: choisissant une croix gammée pour illustrer leur album Opus Dei, mais sélectionnant pour cela une oeuvre de l'artiste anti-fasciste John Heartfield. Mêlant à leurs textes des discours de Tito, de Churchill, et traduisant Queen et Opus en allemand (" leben heisst leben ", leur tube). Et puis derrière cette façade perce un thème récurant, l'identité slovène ou yougoslave, ou son impossibilité.
" Nous avons eu une culture pendant trois ans dans toute notre histoire, c'était pendant l'occupation nazie." Une citation/provocation de plus, que Laibach va décliner sous toutes ses formes, de l'imagerie germanique à l'hagiographie de la résistance yougoslave, des partisans de Tito à l'opposition au régime communiste. Toutes les formes d'oppression seront évoquées et sauvagement mélangée : le nazisme, le communisme et le christianisme serviront de base à une remise en question de l'histoire de la Yougoslavie, puis de l'Europe (après l'indépendance de la Slovénie en 1991). Visuellement l'histoire de l'art ( de l'iconographie religieuse à Malévitch, régulièrement invoqué, en passant par Anselm Kiefer et Joseph Beuys ) sera assimilée avec une volonté paradoxalement pop. En 1988, l'organisation NSK ( Neue Slovenische Kunst ) présente " Krst Pod Triglavom ", " baptème sous les Triglaves " ( sommets montagneux de la Slovénie ), oeuvre ambitieuse, gesamtkunstwerk avec scénographie de Scipio Nasice, imagerie d'Irwin et musique de Laibach, retraçant l'histoire de la culture Slovène du Paganisme à nos jours, présenté à Ljubljana et Belgrade uniquement. L'album qui illustre ce spectacle est peut-être un des meilleurs albums de Laibach à cette époque, poussant à la perfection leur mix de citations classiques (ici Carl Orff), de rythmes industriels et d'allusion au folklore yougoslave. Un album tour à tour rituel, martial, médiéval et avant-gardiste, mythique et politique, et riche d'une étonnante aridité. (bd)
Interprètes
Pistes
- 1 Jezero/der See
- 2 Valjhun/waldung
- 3 Delak
- 4 Koza/die Haut
- 5 Jagerspiel
- 6 Bogomila - Verfuhrung
- 7 Wienerblut
- 8 Crtomir, Jelengar
- 9 Apologija Laibach/laibach-apologie
- 10 Krst/die Taufe, Germania
- 11 Rdeci Pilot/der Rote Pilot
- 12 Crtomir, jelengar
- 13 Apologija laibach/laibach-apologie