"Moderat", c'est l'une des réponses tuyaux du quizz 2009 de "connaissez-vous la musique électronique ?". Comme son nom l'indique, c'est l'association pas si temporaire entre les deux rigolos teutons de Modeselektor, presque aussi célèbres pour leurs pitreries scéniques (avec déguisements) et leur goût plus que discutable en matière d'artwork (avec une redondance maniaque autour du thème "devenez les cyber freaks du XXIième siècle !"), que pour leur electro (techno) sautillante et un tantinet vicieuse mais pas toujours exempte de balourdise, et d'Apparat, alter-ego du seul Sebastian Szary. L'entité composite s'était déjà signalée avec un single dès 2002 mais maintenait depuis le silence radio tout en confirmant la source d'émissions de leur(s) probable(s) et prochain(s) méfait(s), le label Bpitch Control de l'infatigable Ellen Allien, sur lequel le discret mais inventif Apparat s'était fendu d'un disque en compagnie de sa patronne en 2006 (l'excellent "Orchestra of Bubbles"). Débutant par un instructif "A New Error", comptine electronica qui semble regarder vers le ciel tout en suivant un parcours rythmique serré et dûment fléché, "Moderat" (l'album) échappe rapidement à l'écueil du disque eau-tiède, résultat bancal et forcément déceptif d'une alliance contre-nature entre un mélodiste synthétique et rêveur (Apparat), et deux champions de l'efficacité binaire version foutage de beats. Szary passe devant le micro pour un embué et entêtant "Rusty Nails" servi sur un lit de basses et de rythmes empruntés à ce qui semble bien être le nouveau terrain d'entente de nos trois partenaires : le dubstep anthracite façon Burial. Un dubstep qui en traversant la mer du Nord en direction de la capitale allemande où résident les cocos se met au diapason d'un minimalisme electro ("Seamonkey") ou se fond dans un décor de dance hall robotique ("Slow Match" avec la voix glaçante de Paul St Hilaire ou le fanfaron "Sick With It"). Nappes enveloppantes et beats millimétrés jouent ensuite à qui perd gagne ("3 Minutes Of", "Nasty Silence"), mais aussi parfois à qui perd perd (peu imaginatifs ou redondants "Porc1" & "Porc 2") avant un final sans réelle surprise ("Nr 22", "Out of Sight" et deux titres optionnels) mais finement tourné et équilibré comme une mayonnaise de chef ! Plus une question de doigté et de répartition des tâches que d'ingrédients en somme. YH.