Constitué par l'invariable paire Martyn Bates/Peter Becker, Eyeless In Gaza fut l'une des entités les plus singulière de la new wave britannique. Des débuts incertains entre pop synthétique rustique, aux expérimentations sur machine, ou mélodies d'inspiration folk (la très belle reprise de l'air irlandais She Moves Thru The Fair) la musique du duo privilégiera de plus en plus une écriture dépouillée, toute entière livrée, malgré la présence d'une sobre ligne mélodique jouée à l'orgue à la guitare, à la véhémence lyrique et au chant illuminé de Bates. Car ce dernier, en théâtralisant à l'extrême l'élocution de ses textes, leur a toujours refusé l'existence morne de la choses platement fredonnée plutôt que vécues à travers le chant. L'univers visionnaire teinté de religiosité d'un William Blake n'est pas loin. L'entité pop gothique préraphaélite This Mortal Coil, non plus. Plague of the Years, disque rétrospectif de la longue carrière d'Eyeless In Gaza, se savoure d'autant mieux qu'il s'accompagnera de l'écoute conjointe de la compilation Your Jewled Footsteps, un disque consacré à la carrière solo de Martyn Bates (XB187K), autre exemple sublime d'English Melancholia.

"Songs And Instrumentals couvre en 21 morceaux la carrière musicale d'EYELESS IN GAZA (1980-2006), l'un des groupes les plus sous-estimés de ces 30 dernières années. A l'inverse des autres duos issus du post-punk et de la cold wave au début des année 80 (SUICIDE et SOFT CELL pour ne citer que deux exemples aux antipodes), leur pop ultra-mélancolique s'aventura plus près de celle (déchirante) d'un ROBERT WYATT ou de celle (minimaliste) d'un MARK HOLLIS. Deux versants parfaitement dichotomiques s'équilibrent dans cette belle rétrospective truffée d'inédits. L'expérimentation, d'une part, au travers d'instrumentaux archaïques, colorés de percussions synthétiques très années 80", de sons d'harmonica et de flûte à bec, et d'accords de claviers lointains. Le lyrisme, d'autre part, au travers de chansons pop qui figurent parmi les plus poignantes que le groupe ait jamais écrites - qu'on s'étonne d'ailleurs, vu leur calibre, de ne voir figurer dans aucun best of (Rose Petal Knot, See Red et Lights of April) - et dont les univers louchent étrangement du côté des premiers BAUHAUS ou de la période berlinoise de BOWIE." www.orkhestra.fr