" Primitive London " est un film représentatif du genre " mondo ", style recouvrant plusieurs types de films déguisant une volonté érotique ou pornographique derrière un prétexte documentaire, moraliste ou éducatif. D'autres types de films " mondo " cherchait la sensation dans d'autres registres : la drogue, la violence, la transgression, etc, ou bien le monde des jeunes d'alors - hippies, beatnicks et autres - expliqué à une génération de parents dépassés par les événements. Qu'il s'agisse de sexploitation ou d'autres domaines, la constante est la recherche du choquant, le flirt avec les tabous. Réalisé en 1965, ce film d'Arnold Miller, tourné dans les quartiers chauds de Londres, est un melting-pot de lieux et de gens divers, réunis seulement par leur bizarrerie, leur étrangeté, selon la fantaisie du réalisateur. Quelquefois sordides, quelquefois totalement banales, ces séquences enchaînent pêle-mêle revues de striptease, club échangistes, cabaret exotique, décollage de biplans et poulets en batterie, pour des raisons encore obscures. La musique du film est un autre mystère puisqu'elle est signée Basil Kirchin, qui signe ici une de ses plus belles suites de compositions, profitant du sujet du film pour associer des rythmiques jazz effrénées à des envolées instrumentales futuristes, pour un climat exalté, résolument nocturne, qui s'offre une relecture de la musique de film noir, de la musique " cheesy " des bars à effeuilleuses à des excursions orientalisantes en passant par des séquences inquiétantes dignes des meilleures série Z. Bien qu'un peu à part dans la carrière de Kirchin, cette suite illustre à merveille les talents multiples du compositeur, qui développera par la suite cette capacité à répondre aux demandes et aux attentes les plus variées dans ses albums de " library music " pour le fameux label De Wolfe, produisant une musique extrêmement personnelle dans sa variété de registres, et dans la constante justesse de ses audaces expérimentales. Il explorera ainsi dans ses futures musiques de film (pour " Catch Us If You Can ", " I Start Counting " ou encore " The Abominable Dr. Phibes ") des techniques proches de la musique concrète, manipulant des sons ambiants, des objets, des cris d'animaux, jusqu'à les rendre méconnaissables. Une partie de ses productions sont en cours de réédition par le label Trunk, à qui nous devons déjà cinq albums de Basil Kirchin en comptant le présent CD. (BD)