Petit rappel des faits. Au mitan des années 90, Mike Donovan était aux commandes de The Ropers, groupe culte de l'écurie Slumberland, notamment auteur du magnifique single Revolver (1995). Dix années plus tard et après quelques projets de courte haleine (l'épisode au sein des bruitistes The Hospitals), le San Franciscain décide de mener à bien un nouveau projet avec son copain Matt Hartman (lui aussi à l'origine d'une autre formation culte de Slumberland, Henry's Dress). Depuis ses premiers EP compilés sur l'excellente compilation A Long Way Around To A Shortcut (2008), Sic Alps demeure ainsi l'une des rares troupes à conserver un savoir-faire musical hérité d'un certain rock indépendant américain des années 90. Esthétique foutraque - comme en témoigne le récent EP Pangea Globe (2012), en hommage à Tronics -, goût évident pour la lo-fi, productions sommaires, orchestrations réduites à leur plus simple expression et rock garage, Sic Alps a tout pour charmer le nostalgique de ces "années indie" et les amateurs des compilations Messthetics. Si le récent départ de Matt Harman n'a pas fondamentalement bouleversé les canons de Sic Alps, la déglingue sonore est moins de mise que sur Napa Asylum (2010). Glyphs, l'excellent titre d'ouverture, certes mieux produit que les précédents essais et agrémenté de cordes, pourrait néanmoins trouver sa place sur n'importe quel album de la bande à Donovan. On songe encore souvent au Pavement de la période Wowee Zowee (1995) (Polka Vat, Movie Head) et à la crème du garage contemporain (les amis de Ty Segall ou encore Thee Oh Sees). L'excellent cru qu'est ce Sic Alps se distingue surtout des précédents LP par les jolies ballades qui le parsèment, et dont Rock Races est le sommet. Peu coutumier du fait, Mike Donovan montre ici qu'il est aussi capable de faire vibrer les cordes sensibles à l'aide de sa voix délicatement posée. En 2010, Stephen Malkmus affirmait que ce groupe d'éternels losers qui ouvrait les concerts de Pavement serait dans les dix prochaines années l'un des plus importants du monde. (Xavier Mazure dans Magic!)