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Disponibilité et classement

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TEN TYPES OF ELSEWHERE
Mark FELL

  • Ref. XF255W
  • L-NE, 2004.

" Ten Types Of Elsewhere " est le premier disque solo de Mark Fell, du groupe SND. Il reprend une série de musiques composées pour diverses installations. Il ne s'agit toutefois pas de reproduire ou de simplement publier ces musiques, mais de documenter le processus qui les a vu naître. Chaque pièce musicale du disque correspond à un problème théorique et à sa résolution concrète dans le cadre d'une installation. Elles ont donc été créées pour un site, pour un espace spécifique, qu'elles ne reproduisent pas sous forme d'enregistrement, mais illustrent de manière topologique, empruntant pour leur élaboration les mêmes extrapolations mathématiques, et les mêmes processus créatifs que ceux appliqués au contexte physique de la galerie. Chacune des pièces de ce disque illustre par une transformation du son les transformations de l'espace exigées ou causées par l'installation concrète. Cette transposition algorithmique de l'altération spatiale dans l'univers virtuel se traduit par des correspondances qui vont au-delà de la simple synesthésie. Mark Fell est depuis longtemps un passionné de la composition informatique ; sa musique est indissociable des logiciels qu'il programme pour la concevoir. Les processus sont mathématiques, abstraits, mais sont envisagés comme des correspondances au monde matériel, palpable de l'installation, que celle-ci soit plastique, lumineuse ou vidéo, ou, le plus souvent, un mélange des trois. Les modifications physiques sont traduites par des modifications dans le temps, les mouvements par des équivalences stéréophoniques. La volonté de Mark Fell est au final de restituer le passage d'un univers à la stricte géométrie euclidienne à un univers courbe, ouvert et multiple.

Ces correspondances passent néanmoins par un artifice, un nouveau niveau de complexification. Les lois qui régissent ces équivalences établissent des relations extrêmement strictes entre des systèmes qui sont eux, définis de manière arbitraire. Si elles ne sont pas à proprement parler aléatoires, ces relations ont été définies comme des contraintes esthétiques, des procédés de fiction permettant de faire évoluer en parallèle deux (ou trois) univers contingents. Les travaux de Mark Fell font se répondre des mondes divergents, possédant chacun une logique interne, en instaurant des règles arbitraires de synonymie entre les événements qui s'y déroule. Mark Fell parle des théories du langage de Wittgenstein comme d'une influence, ou en tout cas d'une approche similaire à celle qu'il applique à la technologie. Celle-ci est plus un vecteur de signification, qu'un système de traduction d'une signification pré-existante. Celle-ci se construit quasi organiquement à travers l'action. C'est l'activité qui crée le sens, et non une décision préalable. La technologie, comme le langage, n'est pas vue ici comme traduction imparfaite d'une réalité objective, ni d'un idéal, mais comme cela même qui produit du sens. Cette approche déconnectant la volonté de l'auteur du fonctionnement de l'oeuvre, sous-entend également une déconnexion de celle-ci des attentes du public. Si Mark Fell, et son projet SND, a dès ses débuts été associé à la scène électronique post-techno des années 90, et à une électronica représentée par les labels Warp, ou Mille Plateaux, il désire vivement se distancer de celle-ci. Il prône même une certaine forme d'ennui et de déception, comme antithèse à la nécessité, au sein de la musique électronique de cette scène, et de la musique en général, de réaliser des oeuvres qui parlent au public et engage son attention. Qu'il s'agisse d'inclure sa présence dans le processus de création, par l'orientation vers la danse, dans l'exemple de la techno, ou par l'interactivité, pour l'art contemporain, sont des démarches que récuse totalement Mark Fell, préférant obtenir, par la distance, et la complexité, une forme d'aliénation du spectateur

Néanmoins, malgré cette volonté a priori rébarbative, Mark Fell parvient, comme le montre cet album " Ten Types Of Elsewhere ", à produire une musique qui ne renonce pas à la sensation, ni au plaisir esthétique. Tout en évitant ce qu'il définit comme l'écueil de ce type de travail sonore : le retour, sous prétexte de minimalisme, à une facilité tonale, il produit une musique d'une grande chaleur, et d'une douceur quasi mélodieuse. Si les sources de ces quelques morceaux sont plus bruitistes que musicales, à l'exception de quelques samples de hiphop ou d'instruments orientaux, le résultat final, en dépit du procédé mathématique qui la fait naître, est exempt de la dureté ou de la sécheresse conceptuelle qu'on pourrait craindre de ce genre d'exercice. Si la volonté de son auteur répond à une discipline stricte, voire à une forme d'austérité, l'oeuvre terminée ne la révèle pas. Au contraire, par des détours radicaux, et malgré la profonde complexité de sa démarche, Mark Fell livre ici un album qui semble évident, limpide, tant il sonne juste. Son apparente difficulté d'accès s'estompe dès la deuxième écoute, et dévoile des approches nouvelles du plaisir du son. (bd)

Interprètes

Pistes

  • 1 Topology
  • 2 Incompleteness
  • 3 Abjection
  • 4 Storage
  • 5 The transfinite self
  • 6 Mirror
  • 7 Dissociation
  • 8 Ideation
  • 9 Remote systems
  • 10 Commuting