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WALTER RUTTMANN WEEKEND REMIX
ANTHOLOGIES GENERALES
- Ref. X 955S
- INTERMEDIUM, 2001. Enregistrement 1930-2000.
Dès les premières images de son film " Berlin, symphonie d'une grande ville " (1927), Walter Ruttmann offre au spectateur une succession, frénétique pour l'époque, de séquences s'enchaînant de manière formelle, les parallèles entraînant d'autres parallèles, les diagonales en appelant d'autres. La lumière se réfléchissant dans l'eau se métamorphose en lignes abstraites puis en fils électriques puis en voies ferrées. Chaque plan séquence en appelle un autre, chaque ouverture de porte, de fenêtre, de volet, déclenche une autre porte, une autre fenêtre, un autre volet. La ville qui s'éveille est sériée en catégories : formelles, horaires, professionnelles. C'est d'abord l'éveil puis l'arrivée à la gare, puis à l'usine, puis à l'école, puis au bureau, puis au marché. Les mouvements de foule, fourmillement régimenté, se dirigeant d'un seul pas vers sa fonction sociale, est bien dans l'esprit du futur chantre du national-socialisme. La rigueur et l'ordre de ces masses humaines répondent au fonctionnement impeccable des trains, des machines outils, et de la machinerie sociale en général. Dans sa forme, le film semble à première vue moins radical Ruttmann applique ce même travail de séquençage, de découpage ultra-chronologique à un film sans images : " Wochenende " (week-end) qui retrace une semaine dans la vie d'un travailleur à travers une série de scènes ations téléphoniques, lecture à l'école par un enfant, machines à écrire, courriers officiels, journaux, cris d'animaux, chants, fanfares, cloches d'églises, machines, etc. Ici encore le répertoire est divisé en rubriques : la semaine de travail, et la détente du week-end ont chacune leur famille de son, classifiée par nature, par fonction. Ce film aveugle était à l'origine destiné a être projeté en salle, mais fonctionne également comme oeuvre sonore à part entière, pouvant par exemple être diffusé à la radio, comme cela fut fait en 1930, en même temps que sa diffusion au cinéma, mais pouvant aussi être publié sous forme de disque, comme c'est le cas ici, augmenté de relectures contemporaines (comme celle du groupe To Rococo Rot, recréant entièrement l'oeuvre à partir de leurs propres prises de son). Précurseur de la musique concrète qu'inventera vingt ans plus tard Pierre Schaeffer, ce " weekend " est une vision prémonitoire de ce qu'on allait appeler plus tard le " cinéma pour l'oreille ". Le son y est utilisé non seulement de manière narrative, mais comme translittération directe de l'image cinématographique, en en reprenant les codes, les formules de montage. Les fondus enchaînés deviennent ainsi tuilages, les enchaînements de séquences se traduisant en brusques ruptures sonores, dérogeant aux codes de la musique pour importer dans le son le vocabulaire de l'image. Il faudra des années encore, après ce film, pour que ces nouveaux codes ne refassent leur apparition dans un contexte musical. Il faudra quelque temps encore pour qu'on applique à nouveau des métaphores visuelles comme le champ/contrechamp, le raccord " cut ", le travelling, ... à une oeuvre sonore. Et qu'on accorde au son le même pouvoir de représentation du réel qu'à l'image. (Benoit Deuxant)
Interprètes
Pistes
- 1 Weekend
- 2 Sympathie für Schultze remix
- 3 Gedanken form rmx
- 4 Makeshift whitebox rmx
- 5 Productions memory rmx
- 6 Berlin 98 version
- 7 Weekend 58