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WHAT SEQUEL?
CHEER-ACCIDENT
- Ref. XC310Y
- PRAVDA RECORDS, 2006. Enregistrement 2005.
On ne peut pas plaire à tout le monde. C'était une chose à prévoir quand on produit un album comme " what sequel ?". Après avoir habitué ses quelques fans à une certaine complexité et à un goût certain pour l'expérimentation, Cheer-accident revient avec un album pop qui risque de leur faire perdre de la clientèle. Et cela sans pour autant leur ramener du monde. Trop difficile pour les uns, trop facile pour les autres, cet album divise. Il est peut-être à prendre comme tel, en oubliant ce qui l'a précédé. Bourré de références progressives (oui, oui, comme dans " rock progressif ") et de micro-arrangements ambitieux, " what sequel ?" est un album de chansons, ce qui devrait ravir ceux qui, comme moi, se sont pris d'une fascination définitive pour le falsetto de Thymme Jones. On y retrouve les progressions de piano et voix qui faisait de " Career Move ", son album solo de 1996, un disque magnifique, bien trop sous-estimé. Jones y baladait sa voix si caractéristique sur des compositions minimalistes pour piano, créant un lien étrange entre Robert Wyatt et Steve Reich. Ici, il pousse sa voix plus loin encore dans l'expressif, l'outré, ajoutant un dimension presque glam à ses chansons. La musique suit la même trajectoire, vers l'emphase, la démesure. Si on sent encore l'écriture au piano derrière la structure de la plupart des morceaux, ceux-ci ont une tendance généralisée à l'implosion, piégés qu'ils sont de l'intérieur par des torsions, des renversements, des ruptures, des disruptions. La comparaison avec le glam laisse alors la place au rock progressif, à l'outrance, la grandiloquence d'un King Crimson ou d'un Todd Rundgrenn. Bien que ce ne soit pas les seules références remarquables, chaque pièce possède son gimmick, son gadget qui rappelle vaguement quelque chose sans vraiment en être inspiré. Chaque morceau possède son virage : le boing boing de la pièce d'ouverture, " keep in touch " transformant une pièce jusque là normale en quelque chose de pataphysique, d'heureusement impossible à prendre au sérieux, l'ostinato heavy metal de " Nefarious Design ", et la manière dont il se métamorphose, en final, en pièce pour ensemble à vent, la fanfare qu'on dirait orchestrée à l'envers de " You know, you know ", le sustain distordu de " All Over ", les entrelacs de guitare à la Velvet Underground de " Simple Life ", les 36 répétitions du mot crazy sur " Crazy "... Chaque morceau rappelle la vocation free du groupe, leur habitude de ne suivre que leur instinct et leur intuition du moment. On ne peut, à la réécoute, qu'adorer ce disque ou le haïr. Cheer-accident laisse peu de place à la tiédeur. (bd)
Interprètes
- CHEER-ACCIDENT:
- Jeff LIBERSHER : Guitare, Piano, Trompette, Backing vocals, Guitare basse
- Thymme JONES : Clarinette, Moog Bass, Drums, Electric harpsichord, Piano, Accordéon, Orgue, Voix, Moog synthesizer, Trompette, Chamberlain, Recorder
- Todd Albert RITTMANN : Guitare basse
- Eleanor BALSON : Voix
- Alex PERKOLUP : Guitare basse
- Mike HAGEDORN : Trombone
- Sheila BERTOLETTI : Piano
- Andrea ROTHSCHILD : Cornet, Accordéon, Mélodica
- Lise GILLY : Flûte, Saxophone ténor
- Julie POMERLEAU : Violon
- Marc RUECKER : Guitare
- Scott SHLEY : Guitare
- Toby SUMMERFIELD : Contrebasse
Pistes
- 1 Keep in touch
- 2 Go gone green
- 3 Nefarious designs, inc.
- 4 You know, you know
- 5 All over
- 6 Surviving a methodology
- 7 Done with the eternal
- 8 Simple life
- 9 Arise and shine
- 10 Crisis management
- 11 Crazy