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Cinéma italien : du roman à l'écran

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De nombreuses adaptations cinématographiques d'œuvres littéraires - italiennes ou étrangères - ont vu le jour dans le cinéma italien. Cette médiagraphie - non-exhaustive - en propose quelques-unes dont certaines font partie du patrimoine mondial de l’histoire du cinéma. Cette petite sélection ne tient compte que des adaptations de romans ou de nouvelles... Exit donc de grands cinéastes qui travaillèrent leurs œuvres à partir de scénarios originaux : Roberto Rossellini, Michelangelo Antonioni, Sergio Leone, Sergio Corbucci, Paolo Sorrentino, pour ne retenir que ceux-là...

Sommaire

Le Voleur de bicyclette (1948) de Vittorio De Sica

Rompant avec les romances à l’eau de rose du « cinéma des téléphones blancs » de l’époque fasciste, le cinéma néoréaliste italien de l’immédiate après-guerre fait sortir – tant par contrainte que par choix – les tournages des studios vers la ville, la rue, les lieux réels. Le film de De Sica qui raconte les difficultés d’un colleur d’affiches pour retrouver dans les rues de Rome l’incontournable outil de travail (son vélo) qu’on vient de lui voler est un film-clé du mouvement. Un film avec un tel statut de « classique du cinéma » qu’il est difficile de le voir avec un regard non biaisé par les a priori. Peu de spectateurs du film savent que son scénariste Cesare Zavattini s’est basé sur un roman de Luigi Bartolini (écrivain mais surtout connu comme graveur, arrêté et mis à l’isolement par les fascistes de 1933 à 1938). [PD]

Nuits blanches (1957) de Luchino Visconti

Mario, arrive dans une ville qui ressemble à Livourne. Lors de sa première nuit, errant dans les rues désertes, il croise sur un pont une jeune femme en pleurs, Natalia. Tantôt extatique, tantôt accablée, cette dernière possède un comportement étrange et fascinant. La nuit suivante, Mario la retrouve au même endroit. Natalia lui avoue qu'elle fugue chaque nuit pour attendre, sur ce pont, l'homme qu'elle aime et qui lui a donné rendez-vous un an auparavant...

Adaptation de la nouvelle éponyme de Fiodor Dostoïevski, ce film marque un tournant dans la carrière de Luchino Visconti. En rompant avec le néoréalisme de ses premières œuvres, le cinéaste se tourne vers un réalisme poétique orné et baroque plus proche de l'univers de Marcel Carné (Les Enfants du paradis).

Meurtre à l'italienne (1959) de Pietro Germi

L'un des meilleurs films policiers italiens est celui adapté du roman de Carlo Emilio Gadda, intitulé Quer pasticciaccio brutto de via Merulana. Il est réalisé par Pietro Germi (le plus sous-estimé des génies du cinéma italien), se mettant lui-même dans le rôle classique de l'ineffable inspecteur. C'est un bijou de modèles américains et de substance italienne, « une histoire tirée de l'actualité » qui a fait le même travail dans les années 1950 que les grandes séries policières d'aujourd'hui. [DBF]

Le Guépard (1963) de Luchino Visconti

En adaptant l’unique roman de l’aristocrate Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Luchino Visconti (lui aussi aristocrate) décrit avec distance le destin de la Sicile à travers la figure d'un prince vieillissant. La période évoquée (1860) est capitale pour les Italiens : celle de l’unification du pays. Cette fresque cinématographique et politique montre que, désormais, le destin de la Sicile et du pays ne dépend plus des révolutionnaires ou des aristocrates, ni des classes ouvrières ou paysannes, mais de la bourgeoisie, personnifiée par le riche don Calogero, homme sans scrupules et sans largeur de vue. Les guépards laissent place aux chacals, aux hyènes, à l’image de l’opportuniste et ambitieux Tancrède (interprété par Alain Delon), passé sans état d’âme de la révolution garibaldienne à la cavalerie de la maison de Savoie. [MR]

La Planète des vampires (1965) de Mario Bava

Malgré son titre français, il n’y a pas de vampires dans ce film de science-fiction de Mario Bava, tiré d’une nouvelle de Renato Pestriniero, mais des extra-terrestres parasites, invisibles et incorporels. Quand deux vaisseaux d’exploration terriens répondent à un message de détresse de la planète Aura, l’équipage est possédé par ces êtres, qui s’emparent de leur conscience et de leur corps, et les poussent à s’entretuer. Les quelques humains qui parviennent à s’échapper comprennent qu’ils ne sont pas les premiers à tomber dans ce piège et que les « Aurans » cherchent depuis toujours à quitter leur planète par ce moyen. Tourné avec un budget de série B, Terrore nello spazio (dans la version originale), se distingue toutefois par une esthétique très soignée, utilisant un visuel – décors, costumes et effets – proche du pop art et des comics. Plusieurs critiques voient dans ce film de genre atypique l’inspiration de Ridley Scott pour l’univers d’Alien. [BD]

Œdipe Roi (1967) de Pier Paolo Pasolini

En 1967, pour son cinquième long métrage de fiction (et son premier en couleurs), l’écrivain, poète et cinéaste Pier Paolo Pasolini se frotte à la tragédie grecque de Sophocle mais aussi au mythe d’Œdipe d’avant la version du dramaturge grec. Entre une petite ville de province italienne des années 1920, des faubourgs industriels de l’Italie des années 1960 et une Grèce antique fantasmée (séquences tournées dans les paysages rocailleux du Maroc), Pasolini cherche le rapport entre le mythe et l’homme, entre le mythe et lui-même (en s’incluant dans le prologue et l’épilogue), entre le récit ancestral et ce qu’il a de contemporain au XXème siècle. Franco Citti – ami et complice régulier de Pasolini – joue Œdipe, Silvana Mangano sa mère Jocaste et l’écrivain et cinéaste Carmelo Bene y incarne Créon. [PD]

Satyricon (1969) de Federico Fellini

Délaissant pour ce film l’Italie contemporaine, Fellini se plonge dans la Rome Antique pour cette adaptation du roman satyrique de Pétrone. En complet décalage des versions scolaires de l’Histoire, il y décrit une société romaine en pleine décadence, rongée par l’argent, le pouvoir et le goût du luxe. Les deux personnages principaux Encolpius et Ascyltus, deux étudiants pauvres, se disputent les faveurs d’un jeune et bel esclave Gitón. Ils vont enchaîner les aventures rocambolesques mêlant le trivial à la magie et le vulgaire à l’héroïsme. Profitant du caractère fragmentaire du texte original, Fellini réalise une œuvre baroque, flamboyante, souvent chaotique, qui se joue de la morale et de la raison. [BD]

L'Oiseau au plumage de cristal (1970) de Dario Argento

Un écrivain américain, venu à Rome en quête d’inspiration, assiste à une agression nocturne dans une galerie d’art… Une femme vient d’être poignardée et une silhouette noire s’échappe. Cette scène va bouleverser son existence.

Ce film marque les débuts de Dario Argento comme réalisateur après plusieurs années d’écriture sur le cinéma. Par sa mise en scène graphique, le cinéaste réinvente les codes esthétiques du « giallo », dont il est un des maîtres incontestés. Ce genre réaliste, qui a vu le jour dans le cinéma italien des années 1960, se situe entre l’enquête policière et le film d’horreur, mettant en scène des meurtres sanglants (généralement l’œuvre d’un sadique sur des femmes légèrement vêtues) ; « giallo » (« jaune ») se réfère directement à la couleur des couvertures d'une série de romans policiers publiés par les éditions Mondadori, en Italie, dès 1929. [MR]

Parfum de femme (1974) de Dino Risi

Un film splendide, alternant une première partie de comédie noire goliardienne avec une seconde partie plus mélancolique et amère. Un drame drôle et cruel sur l'amour, la solitude et la déception, servi par le scénario de Ruggero Maccari et Dino Risi, qui adaptent le roman Il buio e il miele (1969) de Giovanni Arpino tout en maintenant l'équilibre entre la tortuosité psychologique et la littérature de voyage, ainsi que la nature aphoristique du protagoniste bavard. Il est incarné par un Vittorio Gassman merveilleux, histrionique et stupéfiant, dans le rôle le plus mature de son enviable carrière, véritable fleuve en crue difficile à endiguer. [DBF]

Le Désert des Tartares (1976) de Valerio Zurlini

Adapté du roman éponyme de Dino Buzzati, paru en 1940, le film nous plonge dans la solitude de soldats dont les illusions se perdent peu à peu dans la longue attente d’un ennemi qui ne vient jamais. Cela se passe au début du vingtième siècle, aux confins d’un empire de l’Europe Centrale. Le jeune lieutenant Drogo, sorti depuis peu de l’école militaire, est affecté à la forteresse de Bastiano, poste avancé de l’Empire aux bords d’une immense étendue aride, le désert des terribles Tartares… Une frontière « morte » qui ne donne sur rien. Longue réflexion sur la fuite du temps et l’approche inexorable de la mort, le film de Valerio Zurlini parvient à retranscrire l’esprit du livre, en situant cet étrange (presque) huis clos dans l’imposante forteresse de Bam (Iran), superbement photographiée par le chef opérateur Luciano Tovoli. [MR]

Padre padrone (1977) de Paolo Taviani et Vittorio Taviani

Les frères Taviani reprennent le roman de Gavino Ledda et créent un film qui le complète. Les images, pour une fois, ne sont pas une représentation des pages écrites mais un véritable ajout. Le paysage pastoral donne un nouveau sens à cette épopée sarde. [DBF]

Le Christ s'est arrêté à Eboli (1979) de Francesco Rosi

Ex-étudiant en médecine, écrivain et peintre d’origine juive, Carlo Levi s’engage très tôt – dès 1929 – dans l’antifascisme, au sein du mouvement Giustizia e Libertà et du Parti d’Action. En 1935, il est arrêté par les fascistes et assigné à résidence dans le Mezzogiorno. Il y observe et y consigne ce qui, à la chute de Mussolini, donnera son roman Le Christ s’est arrêté à Eboli (d’après une formule des paysans du Sud : « Nous ne sommes pas chrétiens. Le Christ s'est arrêté à Eboli. » – c’est-à-dire plus au Nord) : la misère, la malaria, le mépris de l’Italie du Nord, une région abandonnée à son triste sort. En 1979, Francesco Rosi (auteur jusque-là de plusieurs films engagés sur la mafia, la spéculation immobilière ou la corruption politique) adapte ce livre à succès de la littérature italienne à l’écran en confiant le rôle de Carlo Levi à Gian Maria Volontè. [PD]

Conte de la folie ordinaire (1981) de Marco Ferreri

Adapté d’un recueil de nouvelles de Charles Bukowski (Contes de la folie ordinaire, 1972), le film suit un certain Charles Serking, poète anarchiste et ivrogne (interprété par le merveilleux Ben Gazzara), dans ses errances urbaines et ses rencontres sexuelles.

Conforme aux lieux de prédilection de l’auteur américain, le film de Marco Ferreri évolue dans des quartiers paumés de Los Angeles, loin du pittoresque hollywoodien : on y voit une ville presque quelconque, avec des personnages perdus, cassés, à la lisière du déclassement social. Nous ne sommes plus ici dans un registre de la farce sinistre, du grotesque et de la démesure des films précédents du cinéaste (La Grande Bouffe, Touche pas à la femme blanche) mais dans un désespoir et une solitude que capte une caméra presque « neutre », sans complaisance et débarrassée de tout pathos sur des personnes courant à leur propre perte. [MR]

Le Fantôme de l'opéra (1998) de Dario Argento

Dans les caves de l’opéra de Paris vit un homme élevé par les rats. Envoûté et attiré par la voix d'une doublure de la cantatrice, il décide bientôt de se montrer pour conquérir la jeune femme (interprétée par Asia Argento, la fille du cinéaste). Des meurtres sans lien apparent se succèdent ; des ouvriers sont retrouvés mutilés, dévorés ou assassinés, un énorme lustre s’écrase sur des musiciens en plein concert, etc.

Dario Argento a coécrit cette nouvelle adaptation « gothique » du roman homonyme de Gaston Leroux. Certes, le film ne manque pas d’humour ni de scènes de violence outrancière mais l’imagerie néoclassique est un peu convenue, trop lisse pour toute personne sensible au travail du cinéaste. Quant à Erik, le personnage au visage hideux du roman, c’est l’acteur britannique Julian Sands qui l’incarne, sans aucun artifice pour le « défigurer ». [MR]

Romanzo criminale (2005) de Michele Placido

Le livre de Giancarlo De Cataldo est la base du nouveau cinéma criminel italien (et de la nouvelle sérialité). Lorsque Michele Placido le façonne pour le grand écran, il ne sait pas qu'il fonde une imagerie, en commençant par un groupe d'acteurs en devenir, qui contaminera ensuite toutes les productions à venir. Voici donc un cas où l'adaptation est beaucoup plus importante que le roman source. [DBF]

Caos Calmo (2008) d'Antonello Grimaldi

Resté seul avec sa fille Lara après la mort de son épouse, Pietro doit réapprendre la vie. Il va reconstruire son univers en lui donnant un nouveau centre. Le jour de la rentrée des classes, il accompagne sa fille à l’école, et décide de ne pas repartir, s’enfermant dans sa voiture en attendant la sortie de Lara. Progressivement son existence quotidienne va se dérouler là, avec de nouveaux visages, de nouvelles habitudes, et le ballet de ses collègues, parents et amis qui viennent lui rendre visite. Ce changement de vie radical est la seule manière pour lui d’affronter le « chaos calme » qui l’habite et de prendre conscience de ses propres émotions réprimées. Le film est une adaptation fidèle du roman de Sandro Veronesi, dont on pourrait croire qu’il a été écrit en pensant à Nanni Moretti, tant l’acteur incarne à merveille le personnage de Pietro. [BD]

Gomorra (2008) de Matteo Garrone

À l’opposé des traitements hollywoodiens de la mafia, l'écrivain Roberto Saviano décrit la criminalité organisée dans ce qu’elle a de plus minable, de plus sordide. Tourné dans les banlieues pauvres de Naples, l’adaptation de son livre montre les différents échelons de la Camorra, depuis les petits malfrats, les « soldats », jusqu’aux parrains, et met avant tout l’accent sur les retombées toxiques dans la vie de la population locale, prise en otage et exploitée par les trafiquants, les escrocs et les assassins. Écrit comme une enquête journalistique et tourné comme un documentaire, Gomorra démonte brutalement la légende de l’organisation et n’en laisse qu’une réalité glauque, sans la moindre gloire. Roberto Saviano vit aujourd’hui sous protection policière, signe qu’il a frappé juste. [BD]

La Solitude des nombres premiers (2010) de Saverio Costanzo

Croisement de deux solitudes extrêmes, ce film adapté du roman de Paolo Giordano met en scène deux êtres unis par le même isolement. Par des allers-retours dans le temps, depuis leur enfance jusqu’à l’âge adulte, Giordano démonte le trajet qui les a conduits à cette distance du monde et des autres. Mattia est un élève surdoué au passé douloureux, qui s’enferme dans le travail et l’automutilation, Alice est boiteuse depuis un accident de ski et est le souffre-douleur de sa classe. Les raisons de leur retranchement sont expliquées peu à peu, les fautes qu’ils ont commises, les torts qu’on leur a faits, mais ce dévoilement ne garantit en rien que leur mal-être est réparable. Leur seule certitude est de n’avoir que l’autre au monde. [BD]

La Fameuse Invasion des ours en Sicile (2019) de Lorenzo Mattotti

Dino Buzzati raconte l’histoire d’un temps où les ours et les hommes se parlaient, s’affrontaient et se réconciliaient. Quand son fils Tonio disparaît, le roi des ours de Sicile descend de la montagne avec son clan tout entier pour partir à sa recherche. Mais les hommes ne sont pas prêts à les accueillir et le Grand-Duc envoie son armée à leur rencontre. Après la victoire des ours, le roi propose aux hommes une cohabitation qui doit assurer à tous le bonheur et la prospérité. Mais la fréquentation des humains a une très mauvaise influence sur les ours et contamine peu à peu leurs valeurs morales. [BD]


Une médiagraphie réalisée en janvier 2023 par Dany Ben Felix, Philippe Delvosalle, Benoit Deuxant et Marc Roesems, à la demande de la bibliothèque d'Arlon, dans le cadre du festival Du roman à l'écran.


Quelques références supplémentaires pour découvrir d'autres adaptations d'œuvres littéraires dans le cinéma italien

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