Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Pointculture_cms | critique

FEMME SEULE (LA)

publié le

Akosse Legba, une Togolaise de trente-deux ans, victime d’un véritable esclavage moderne, témoigne du calvaire qu’elle a vécu dès son arrivée en France en tant que domestique et jusqu’à sa libération…

Akosse Legba, une Togolaise de trente-deux ans, victime d’un véritable esclavage moderne, témoigne du calvaire qu’elle a vécu dès son arrivée en France en tant que domestique et jusqu’à sa libération…
Pour respecter son anonymat, Brahim Fritah réalise ce court métrage avec un parti pris formel très affirmé, en faisant un détour par des images qui réunissent trois territoires de la jeune femme en un espace fluide : le Togo, la maison de campagne de son enfance et le luxueux appartement parisien qui est le théâtre des réminiscences de son passé. À la manière d’un puzzle, il rassemble avec une distance pudique les fragments d’un portrait d’un être qui tente de se reconstruire en libérant sa parole. Ainsi, dans les pièces vides résonne sa voix qui raconte son enfance, les conditions de sa venue en France, ses souffrances et comment un fragile processus d’affranchissement s’est lentement mis en place. En filmant les objets qui constituaient son environnement quotidien, on découvre la relation qui s’est nouée entre elle et son univers domestique pendant les deux ans de son emprisonnement. Sa vie d’esclave est saisie à travers une succession d’éléments isolés dans l’immensité de l’appartement. De clichés figés et minimalistes en images animées, le réalisateur utilise délicatement le flou protecteur et la métaphore. On comprend comment ces objets peuvent devenir vivants et oppressants. Une porte fermée, une serrure suffisent à exprimer l’enfermement de l’esclave moderne. Le tourbillon du tambour d'une machine à laver, l'asservissement. La voix de la jeune femme, empreinte d'émotion, vibre et nous emporte. Elle est le récit, cerne le ressenti. Ainsi l'image, mais aussi les sons très étudiés, sont un écho de la voix et non une illustration.
Brahim Fritah trouve admirablement le juste milieu entre esthétisme et parole, de sorte que l’esthétisme de ces prises de vues ne l’emporte pas sur la parole. Loin d'une figuration sentimentale, il rend à cette femme sa dignité et en appelle ainsi à la dignité de tous.
Un essai documentaire poignant !
Catherine Mathy

Note : Ce court métrage a obtenu de très nombreux prix dont le Prix spécial du jury au Festival international de Clermont-Ferrand 2005.
Par ailleurs, le DVD contient un court métrage Le Train (18’) et des interviews de Akosse Legba (14’) et du réalisateur (14’).

 

Classé dans