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Pointculture_cms | critique

TABLEAU DE CHASSE

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En créant au Théâtre Chaillot (Paris) le spectacle «Tableau de chasse» et en sortant un album éponyme, Claire Diterzi peut aujourd’hui déployer toutes les facettes de son art. Le projet concrétise un fantasme de longue date: mettre la sculpture et la […]

Tableau de chasse

En créant au Théâtre Chaillot (Paris) le spectacle «Tableau de chasse» et en sortant un album éponyme, Claire Diterzi peut aujourd’hui déployer toutes les facettes de son art. Le projet concrétise un fantasme de longue date: mettre la sculpture et la peinture en musique. Pour se faire, Claire s’est inspirée très librement d’œuvres d’artistes tels que Fragonard, Toulouse-Lautrec, Allen Jones, Rodin, Camille Claudel, Doris Salcedo, Van Eyck, Lucian Freud ou encore Turner. Seule aux commandes de son home studio, la belle a sorti de son musée intérieur dix chansons qui lui ressemblent. Dix œuvres réinterprétées qui ont un sujet commun : la femme dans toute sa sensualité. Persuadée que son univers ne s’écoute pas seulement, Claire a composé ce nouveau répertoire en pensant avant tout à la scène considérant le disque comme une prolongation du spectacle. Pour mener à bien ce projet, elle a su s’entourer d’une équipe exceptionnelle: des musiciens solides comme le rock, deux choristes vibrantes, le metteur en scène Alexis Armengol qui offre une scénographie subtile et bien pesée et le vidéaste Franck Ternier dont les projections amènent encore une autre vision des œuvres. Et tout ça fonctionne à merveille. La demoiselle, généreuse, sait fort bien donner les premières clefs de son univers. Après, il nous reste l’album pour apprécier plus en profondeur les dix nouvelles compositions auxquelles se joint une petite merveille, Iku (chanson extraite de la pièce d’Armengol). Ce qui frappe d’abord chez Claire Diterzi, c’est sa voix qui possède une collection impressionnante de timbres: chœurs à la bulgare, naisillardises, envolées arabisantes… chuchotements, chuintements, susurrements… voix de velours ou de crécelle, chahut et défoulement… bruits de respiration, craquements, souffles …. On pense à Kate Bush, à Bjork et même aux B-52’s. Un travail sidérant autour de la voix qui montre que cette pure autodidacte n’a rien à envier à Camille. Certains reprocheront sans doute un manque d’homogénéité à l’album et auront du mal à suivre l’artiste dans toutes ses pérégrinations. Mais il s’agit là d’un parti prix. Claire a choisi de s’inspirer d’œuvres d’époques et de styles fort différents, ce qui donne lieu à des morceaux très variés. Elle ne délaisse pas pour autant le son électro-rock et ce jeu de guitare raffiné qui la caractérisent. Ce qui ne l’empêche pas de développer un certain univers baroque (L’odalisque, Tableau de chasse), de se moquer des bimbos façon Britney Spears (A quatre pattes) ou de se mettre dans la peau d’Yvette Guilbert (La vieille chanteuse). Enfin, Claire nous quitte sur une chanson de séparation, sorte de fado étrange aux accents des polyphonies de l’Est (Je garde le chien). Un conseil afin de goûter à la richesse de chacun des titres de cet album patchwork: n’hésitez pas à le laisser reposer pour mieux y revenir. Et si Claire Diterzi déroute, c’est qu’elle est une des rares chanteuses francophones à prendre des risques en acceptant de perdre quelque chose à chaque aventure pour mieux se réinventer.
Guillaume Duthoit

 

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