EVEREST 2003
Bleu-le ciel, blanc-les nuages, rouge-le feu, vert-la végétation, jaune-la terre : les cavaliers du vent; ces drapeaux de prières flottent partout dans le ciel du Népal. Le film de l'expédition nous fait vivre, par une approche lente et circonstanciée, la conquête par une équipe franco-belge, du plus haut sommet de la Planète : le Mont Everest (8.848m) ou Sagarmatha (Népal) ou Chomo Lungma (Tibet).
Les récits des guides népalais qui l'ont vaincu, ou revinrent profondément blessés dans leur âme et leur chair, font prendre conscience du fait que sa conquête n'est pas une mince affaire, et que la recherche de soi se paie parfois très cher. Son escalade constitue une sorte de renaissance, un accouchement hasardeux, l'accomplissement d'un rêve fou pour cinq minutes passées au sommet.
Tout au long du documentaire, le spirituel s'affronte au matériel, l'action à l'attente, l'inquIétude au soulagement quand les éléments font la trêve aux hommes. Pour réussir, le découragement n'est pas de mise, il faut la condition physique parfaite et la volonté omniprésente. Il faut aussi se concilier la bienveillance des dieux de la montagne par des prières et des dons. C'est une école de l'extrême où la limite entre la vie et la mort est comme une ligne ténue, qui exige de ne pas être franchie.
L'Everest est, pour l'alpiniste, la dernière frontière des capacités humaines. Là, les gestes les plus simples sont une torture, le mal de tête occulte les perceptions, le vent souffle en rafales terribles, le froid brûle, l'oxygène manque, mais quand on est redescendu et que les amis du camp de base vous font la fête, vous pensez : c'est énorme, c'est fou, est-ce vraiment arrivé ? Oui, et j'ai vaincu ! Le Sagarmatha est un rêve qui fait du bien à la tête.
Le sujet n'est pas neuf, mais il se développe ici, avec des images sans esbroufe, des paroles qui viennent des tripes, et une narration qui prend son temps pour démontrer le sens d'une telle folie.
(Pierre Coppée, Charleroi)