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Histoires de labels (8) : Glitterbeat - « Vibrant Global Sounds »

Glitterbeat
Retour sur l’histoire de Glitterbeat, un label s’intéressant autant aux traditions qu’aux nouvelles musiques hybrides de la planète. Créé en 2012 et considéré comme « meilleur label » par le WOMEX (World Music Expo) pendant cinq années consécutives, de 2014 à 2018, il a pris une place incontournable dans le monde musical.

Avant de parler de Glitterbeat, il est intéressant de remonter dans le temps, quelque part dans les années 1980 au moment où est fondé en Allemagne le label et la société de distribution Glitterhouse. Celui-ci joue un rôle important en Europe dans la diffusion des musiques indépendantes, notamment grâce à sa coopération avec le label américain Sub Pop. Il publie des groupes comme Pere Ubu, The Walkabouts, Woven Hand ou Hugo Race, et commence au début des années 2010 des incursions dans les musiques maliennes suite à des voyages de Peter Weber, un des patrons du label, et de divers musiciens. Parmi eux, Chris Eckman, un Américain de Seattle installé en Slovénie et membre des Walkabouts, parle dans une interview de sa découverte des traditions du Mali grâce à des field recordings édités sur le label Sublime Frequencies.

« Cela faisait des années que j’écoutais de la musique africaine, mais essentiellement du Nigéria et du Ghana, et des choses plutôt rythmiques. C’était si nouveau pour moi que je suis devenu obsédé non seulement par la musique, mais aussi par l’idée d’aller sur place. » — Chris Eckman, interview pour Pan African Music

Eckman est donc parti au Mali, accompagnant ses amis du groupe Dirtmusic et Peter Weber. Ils y découvrent un jeune groupe touareg, Tamikrest, originaire de Kidal, et décident de sortir un album qui marque la rencontre de deux mondes, celle de trois représentants du rock indépendant (Chris Eckman des Walkabouts, Chris Brokaw de Codeine et Hugo Race, entre autres des Bad Seeds de Nick Cave) avec le groupe de blues et rock touareg.

En 2012, Eckman décide avec Peter Weber, devenu entre-temps manager de Tamikrest, de créer un nouveau label, Glitterbeat, au sein de la structure de Glitterhouse. Leur but est, au départ, de publier des musiques qu’ils découvrent lors de leurs voyages au Mali. Ils viennent en tant que producteurs mais n’interviennent pas sur la musique elle-même. Ils enregistrent les groupes avec la meilleure qualité sonore possible mais laissent libre cours à la créativité des artistes. Ceux-ci ont en effet intégré d’eux-mêmes les influences rock, ayant écouté Jimi Hendrix, Carlos Santana ou Dire Straits, et ce côté rock ne vient pas de l’un ou l’autre Occidental ayant tenté de mettre sa touche personnelle sur un disque « ethnique », comme cela s’est vu par le passé.

Au fil des années, le spectre musical des disques s’étend, offrant un panorama intéressant de ce qui se produit aujourd’hui dans le monde, loin des clichés de la « world music ». C’est d’ailleurs un terme qu’Eckman et Weber abhorrent, bien qu’ils reconnaissent qu’il a eu son utilité pour des raisons de marketing à une époque où les musiques du monde étaient invisibles sur le marché. Ils veulent tout simplement présenter sur le label de la musique d’aujourd’hui venant d’ailleurs, et pas uniquement du folk ou des musiques ethniques mais aussi du rock et de la musique expérimentale. Ils créeront d’ailleurs le sous-label Tak:til pour étendre le panorama de leurs sorties.

« La musique d’aujourd’hui ne vient pas de Berlin, de Londres, ou d’une grande ville d’Europe ou d’Amérique du Nord, mais elle vient du Cap, de Nairobi ou de Hanoï, et elle est faite par des artistes de musique contemporains » — Chris Eckman, interview pour Pan African Music

Le premier single du label est publié en 2013 (Mark Ernestus Meets Ben Zabo), et depuis, plus d’une cinquantaine d’albums sont sortis, proposant de la musique d’Afrique, mais aussi d’Amérique, d’Asie, d’Europe et du Moyen-Orient. Il y a des disques d’artistes africains comme Tamikrest, Bantou Mentale et Samba Touré mais aussi les fusions psychédéliques de musiques latines de Sonido Gallo Negro ou Orkestra Mendoza. Il y a également des albums plus particuliers, montrant les traditions de certains peuples ou régions comme ce disque enregistré par Ian Brennan auprès des Pygmées Abatawa du Rwanda, Why Did We Stop Growing Tall?, les chants funéraires des Fra Fra du Ghana (Funeral Songs) ou encore les chants des survivants des Khmers rouges, They Will Kill You, If You Cry. Au passage, il y a quelques rééditions, notamment les premiers singles (1973-84) de Stella Chiweshe et Fourth World, vol. 1 de Jon Hassell datant de 1980.

Ils font des incursions dans le « kologo power » de King Ayisoba, publient le rock psychédélique du groupe turc Baba Zula et les musiques électroniques teintées de sonorités gnawa et raï du Tunisien Ammar 808. Le second album de cet artiste basé à Bruxelles – Sofyann Ben Youssef de son vrai nom – s’inspire de sonorités indiennes qu’il a enregistrées sur place. Ces dernières années, les sorties s’accélèrent, allant du rock DIY russe de Lucidvox au second album de chants sacrés du Pakistanais Ustad Saami. L’auditeur est à chaque fois emmené dans un monde différent, et sa curiosité est attisée par les sorties souvent audacieuses du label.


Quelques extraits de disques, par ordre chronologique de sortie (une discographie sélective se trouve tout en bas de l’article) :

La rencontre qui est au départ du nouveau label :

Le rock du désert de Tamikrest :

La cumbia psychédélique de Sonido Gallo Negro :

Hip-hop, highlife, tradition et beats frénétiques du Ghana :

Les survivants des Khmers Rouges :

Sons modernes d’Istanbul :

Rencontre entre musique électronique et chants traditionnels du Maghreb :

Beats électroniques et afro-rock congolais :

Chant classique indo-pakistanais :

Fado décalé :

Rock DIY russe mêlé de chants traditionnels :

Texte : Anne-Sophie De Sutter

Les citations sont extraites de l’interview de Chris Eckman réalisée en 2017 pour Pan African Music.

La photo vient de l’Instagram du label.

Le label Glitterbeat à PointCulture

Site - Bandcamp - Soundcloud

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