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Playlist

Émancipation féminine - Luttes collectives

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Cette médiagraphie propose un panorama des luttes collectives pour les droits de femmes. Musique, cinéma documentaire et cinéma de fiction exposent des points de vue variés, d'époques et de continents différents, sur la puissance du collectif, sur les luttes passées et celles qui restent à mener.

Sommaire

Les Suffragettes, Sarah Gavron (2015)

Pierre d'angle de l'émancipation féminine, l'égalité juridique fut l'objet de luttes parfois brutales dans le monde entier. En Angleterre, on appelle suffragettes les militantes qui décidèrent de recourir à la manière forte. Comme nombre de fictions britanniques engagées, le film est tourné caméra à l’épaule. Un tableau complet de l’oppression se dessine au travers des lignes de vie de quelques jeunes ouvrières dont se détache la figure emblématique de Maud Watts (Carey Mulligan). Sitôt entrée dans le militantisme, la jeune femme devient une paria, on la chasse de chez elle, elle perd son travail et la garde de son enfant. Ainsi, quoique fidèle à la réalité d’un mouvement rassemblant des visions politiques et sociétales possiblement antagonistes, le film se met du côté des classes populaires. Ce que Maud et ses consœurs ont dû sacrifier dans la lutte fait état du fait que c’est aux pauvres qu’il en coûte le plus de se rebeller. [CDP]

Je suis Femen, d'Alain Margot (2014)

Ce film est un document rare dans les coulisses du mouvement Femen, et plus précisément dans l’intimité de l’une de ses fondatrices, Oksana Chatchko. Pourtant, malgré sa richesse, le film ne présente qu’un moment dans la vie du mouvement. Oksana Chatchko fonde le collectif en 2008, en Ukraine, avec Anna Hutsol et Aleksandra Shevchenko. Dès ses premières interventions, le mouvement se positionne comme à la fois féministe, politique et artistique. Il y a un avant et un après le film. L’avant est évoqué, raconté, quasiment reconstitué. Quant à l’après, nous le connaissons, nous, aujourd’hui, mais, sur l’écran, les protagonistes l’ignorent encore. [BD]

Dyke March 2001, Le Tigre (2001)

Dyke March 2001

I like going to the Dyke March because
I like to be surrounded with women
(… ) We're just this huge strong mass of Feminist Fury

Le Tigre est un groupe de rock féministe et lesbien (dont la musique oscille entre énergie punk et instrumentation électronique) formé à New York en 1998 entre autre par Sadie Benning, vidéaste expérimentale, et Kathleen Hanna (ex-chanteuse de Bikini Kill, groupe-phare du mouvement Riot Grrrl qui au début des années 1990 avait fédéré les musiciennes mais aussi les auditrices, les sonorisatrices ou les éditrices de fanzines autour d’une vision politique du punk où les femmes reprendraient enfin la place qui leur est due). Sur le deuxième album du Tigre (Feminist Sweepstakes, disque sur lequel JD Samson a remplacé Benning) figure un morceau qui rend compte d’une marche de visibilité et de protestation lesbienne en intégrant des sons enregistrés lors de la manifestation dans le morceau (qui devient dès lors à la fois une sorte de compte-rendu subjectif de l’édition 2001 et une sorte de tract sonore incitant à participer aux rassemblements suivants). [PD]

Les Résistantes, collectif de cinéastes (2019)

À l’appel du Collecti.e.f. 8 maars, partout en Belgique, des milliers de femmes se sont mises en grève le 8 mars 2019. En arrêtant de travailler, prendre soin des autres, consommer et étudier, elles se sont rendues visibles par leur « absence ». Une action pluridimensionnelle visant à dénoncer les inégalités toujours persistantes, les discriminations et les violences dont elles souffrent de par le seul fait d’être femmes (incluant toute personne s’identifiant et/ou étant identifiée comme femme), et montrer aussi que, lorsqu’elles s’arrêtent, c’est le monde qui s’arrête.

Ce film choral et militant se concentre sur des actions qui ont eu lieu à Bruxelles, ce jour-là, des préparatifs du matin jusqu’au défilé, dans l’après-midi. [MR]

>>> lien vers l'intégralité de l'article sur le film et les actions dont il est le témoin

Ce film n'est pas en collection mais peut être vu dans son intégralité

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Regarde, elle a les yeux grand ouverts, Yann Le Masson (env. 1980)

Dans le portrait collectif que Le Masson (cinéaste-baroudeur, communiste, ancien para « défroqué » s’étant mis au service du FLN à son retour d’Algérie) consacre au groupe (et coréalise avec le groupe) d’Aix-en-Provence du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception), il y a bien plus que ce que l’on attend d’un film militant de l’époque. Il y a bien sûr, aux deux tiers du film, de longues séquences consacrées à leur procès de mars 1977 (manifestations, slogans, chansons, foule qui attend devant le palais de justice, etc.) mais, en écho à son titre, le documentaire s’ouvre et se referme aussi sur deux très belles scènes où une femme accouche entourée de ses compagnes de lutte et amies. Regarde elle a les yeux grands ouverts est avant tout un film de parole – et d’émotions : des mots que se disent les femmes avant, pendant et après, des mots joyeux et des mots tristes, des mots de l’intime et des mots du politique. [PD]

Bienvenue dans la vraie vie des femmes, Virginie Lovisone et Agnès Poirier (2010)

Témoignages de sociologues et chiffres à l’appui, le film prend le pouls des droits des femmes au sein de la société française. Même si de nombreux combats ont pu être menés depuis le siècle dernier, le diagnostic posé est loin d’être rassurant. Dans les faits, l'inégalité entre les sexes se capillarise dans tous les domaines (médias, éducation, travail, politique...). Les stéréotypes liés au genre perdurent et les femmes continuent souvent à assurer sur tous les fronts. Un scanner exhaustif, salvateur, qui nous éclaire sur le fonctionnement d’un système pernicieux parce que moins visible qu’auparavant.

Excellent point de départ pour amener une réflexion en classe sur les injonctions normatives imposées aux femmes, et plus globalement, sur la justice sociale, les valeurs, les statuts, les préjugés (niveau secondaire supérieur). Un livret pédagogique de 32 pages accompagne le film. [EB]

Femmes en campagne, Daniel Vigne (2010)

Parmi le large spectre de luttes collectives menées par des femmes, une semble s’être déroulée dans la plus grande discrétion : celle des femmes rurales. Bien que de forme conventionnelle, ce documentaire a donc le grand mérite de révéler au grand jour cette lente (r)évolution du rôle de la femme dans les exploitations agricoles (françaises) depuis les années 1960. Désormais mieux reconnues dans leur travail, leurs choix et leurs idées dans un monde autrefois largement dominé par les hommes, plusieurs générations de femmes témoignent de l’intérieur et de façon intime de leur parcours militant, passant d’une absence de statut légal ni reconnaissance sociale à celui « d’exploitantes ». Le combat est loin d’être terminé, mais ces femmes fortes, dynamiques, passionnées ont creusé un sillon fertile, source d’idées novatrices pour les générations futures d’agricultrices. Vivifiant ! [EB]

Period Pieces: Women’s Songs for Men and Women, Peggy Seeger (1998)

Royaume-Uni, 1981, en pleine guerre froide et course à l’armement, alors que le gouvernement prépare la population à l’éventualité d’une guerre nucléaire un petit groupe d’une trentaine de personnes, principalement des femmes, décide de marcher sur 160 km, depuis Cardiff au Pays de Galles jusqu’à la base militaire de Greenham Common. Elles s’opposent à la décision d’y implanter des missiles de croisière nucléaires étasuniens.

Face à l’indifférence et au mépris des autorités militaires et politiques quelques femmes s’enchainent aux grilles de la base. C’est le début d’une occupation ininterrompue qui durera 19 ans. Sans violence, avec détermination et courage, humour et créativité ces femmes remportent leur combat : les derniers missiles quittent la base en 1991 et les dernières occupantes quittent le camp en 2000.

Reprises, adaptions ou créations originales, les chansons tenaient une place importante dans la vie du camp. Comme par exemple « Carry Greenham Home » que Peggy Seeger (chanteuse de folk américaine) qui se rendit sur place écrivit pour l’occasion. [GB]

République Amazone, Les Amazones d’Afrique (2017)

Les Amazones d’Afrique est un projet collectif, même si l’ensemble est un supergroupe, constitué de grandes pointures de la musique africaine. Originaires du Mali, du Nigeria, du Bénin et du Gabon, plusieurs d’entre elles ont une carrière internationale. Toutes ont décidé de faire des Amazones un projet où l’ego de chacune passerait après les idées défendues par le groupe. Sur fond de rythmes anciens et de production moderne, elles dénoncent l’oppression dont sont encore victimes les femmes dans des sociétés traditionnellement patriarcales, que ce soit sous la forme de violence domestique, de violence sexuelle, d’accès refusé à l’éducation, ou de dépendance financière. [BD]

Star Feminine Band, Star Feminine Band (2019)

Le Star Feminine Band a été fondé à l'initiative du musicien André Baleguemon, afin de proposer une autre image de la femme au Bénin. Composé de jeunes filles, pour la plupart complètes débutantes en musique, le groupe exclusivement féminin adapte des chansons d'inspiration traditionnelle, dans une veine de folklore modernisé. Les musiciennes mettent en avant les rythmes du nord du pays, dans des chansons en français, en waama, en fon, en bariba et ditamari, jouées sur des instruments modernes, guitares électriques, claviers et batterie. Le projet veut promouvoir un autre avenir pour les filles et les femmes de la région, souvent déscolarisées, condamnées à des mariages forcés et à des grossesses précoces.

Sorti en France chez Born Bad, le disque brille de l'enthousiasme et de la ténacité de ces sept jeunes filles qui espèrent devenir un exemple à suivre pour leur génération. [BD]

Made in Dagenham, Nigel Cole (2010)

Film de fiction inspiré de faits réels, Made in Dagenham (We Want Sex Equality pour le titre anglais) raconte la grève, en 1968, des machinistes couturières de l’usine Ford pour obtenir un salaire égal à celui de leurs collègues masculins, grève qui mènera à l’adoption de l’Equal Pay Act en 1970.

Made in Dagenham s’inscrit dans la veine des films anglais mettant en scène les révoltes ouvrières – on pense notamment aux Virtuoses (1996) – en mettant ici l’accent sur la solidarité entre toutes les femmes, de l’ouvrière à la femme de patron, nous montrant que la lutte pour les droits des femmes concerne toutes les classes de la population. [MDR]

Les Nouvelles Guérillères, Elisa Vandekerckhove (2020)

Le documentaire de la réalisatrice Elisa Vandekerckhove dresse un portrait actuel du militantisme féministe à Bruxelles. Des femmes qui seules ou en collectifs se battent au quotidien contre les inégalités de genre, le sexisme, le racisme, dans les rues de la capitale. Des militantes, qui luttent pour se réapproprier l’espace public, pour un monde dans lequel personne n’est dénigré ni invisibilisé.

Le titre du film est emprunté à Monique Wittig qui a écrit en 1969 les « guérillères », roman sur une communauté de femmes qui a fui l’homme pour tenter de se reconstruire, pour déconstruire l’image que ce monde lui renvoyait, et pour vivre leurs propres réalités. [IK]



Une médiagraphie réalisée en janvier 2023 par Emmanuelle Bollen, Geoffrey Briquet, Philippe Delvosalle, Catherine De Poortere, Marion De Ruyter, Benoit Deuxant, Igor Karagozian et Marc Roesems.

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